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Férie de l’Avent

Tout au long de la première semaine de l’Avent – qui est pourtant un temps de conversion - la liturgie nous a proposé un Dieu de tendresse et de pitié, un Dieu plein de prévenance et de compassion, un Dieu qui nous invite à nous laisser servir, à nous laisser combler, au-delà de tout ce que notre cœur aurait pu imaginer. Nous l’avons vu guérir les aveugles, les muets, les boiteux, les estropiés ; nourrir les foules ; se révéler aux tout-petits dans l’humilité et la simplicité. Il nous a redit qu’il est venu pour essuyer les larmes de nos visages et effacer l’humiliation que nous endurons depuis que le péché domine sur nous ; pourvu que nous mettions notre confiance en lui qui est « notre rocher pour toujours ».
Aujourd’hui encore, dans la première lecture, il nous rappelle sa proximité : « Quand tu crieras le Seigneur se penchera vers toi ; dès qu’il t’aura entendu il te répondra. Dans l’angoisse le Seigneur te donnera du pain, et de l’eau dans ta détresse ». Le Tout-Puissant se fait notre conseiller : « quand tu devras aller à droite ou à gauche tes oreilles entendront celui qui te dira “voici le chemin, prends-le” ». Il est notre Père, il est notre frère, il est notre ami le plus intime. Oui vraiment « il est bon de fêter notre Dieu, il est beau de chanter sa louange, car il guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures. Il élève les humbles et rabaisse jusqu’à terre les impies » (Ps 146).
A travers le choix de ces textes liturgiques, l’Eglise veut nous rappeler que le premier pas de toute conversion authentique, consiste dans la découverte émerveillée de la bonté du Seigneur, découverte qui nous incite à nous mettre résolument à sa suite. Certes, le chemin de la vérité que Jésus ouvre devant nous n’est pas facile, mais nous croyons qu’il marche à nos côtés ; qu’il prend soin de nous comme il nous l’a promis. Bien plus : c’est lui le Seigneur, qui chaque jour, vient au-devant de nous. L’Evangile nous le présente comme parcourant toutes les villes et tous les villages à la recherche des brebis perdues de son Père, annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume, et guérissant toute maladie, toute infirmité, confirmant ainsi par ces signes, la vérité de sa Parole.
Soucieux de nous donner les clés de l’interprétation juste, Matthieu prend soin de nous dévoiler l’attitude de cœur de Jésus dans toutes ses démarches : « Voyant les foules il eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger ». Jésus nous révèle la compassion de Dieu pour la misère de son peuple. En lui nous voyons s’accomplir la parole du livre de l’Exode : « J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer et le faire monter vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselante de lait et de miel » (Ex 3, 7-8).
Mais Jésus se soucie également de l’avenir, car il sait que son temps est limité. Il est venu pour accomplir sa Pâque, et comme il ne veut pas nous laisser orphelins, il va nous donner l’Esprit de la promesse. Cependant cet Esprit aura besoin, pour agir au cœur du monde, de collaborateurs ; il aura besoin « d’instruments » pour poursuivre la mission du Fils, car seul ce dernier c’est incarné. Voilà pourquoi le Seigneur appelle des disciples et leur transmet les propres pouvoirs qu’il a reçus de son Père ; ils pourront ainsi continuer l’œuvre qu’il a commencée, à savoir : proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume, guérir les maladies et les infirmités, et chasser les démons.
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » ; le don gratuit caractérise l’amour : il faut que le disciple demeure dans les dispositions de son maître, c’est-à-dire que son service procède de ce même Esprit de compassion qui a poussé le Verbe à s’incarner, et qui le conduit jour après jour à se livrer à nous dans chaque Eucharistie. C’est là que le véritable disciple refait ses forces, afin de pouvoir à son tour donner sa vie pour ses amis, dans l’oubli de soi et la disponibilité aux besoins de ceux vers qui le Seigneur l’envoie. Puissions-nous accueillir cette liberté filiale et nous offrir à l’Esprit, afin qu’à travers nous, Celui-ci puisse poursuivre le ministère de compassion du Seigneur Jésus, dans la gratuité de l’amour.

« Dieu qui a envoyé ton Fils unique dans le monde pour libérer l’homme de son péché, accorde à ceux qui t’appellent du fond du cœur d’être vraiment libres pour t’aimer et pour aimer leurs frères, par Jésus le Christ, notre Seigneur » (Or. Ouv.).