Catholique.org - Questions essentielles

Sainte Lucie, vierge et martyre

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »
Le « repos » : voilà bien une parole « magique » ! Rien que de la prononcer, nous sentons déjà tout notre être se détendre. Etymologiquement, « procurer » - pro-curare - signifie « avoir le souci de », « se mettre en peine pour ». Dans cet appel insistant, Jésus nous révèle son désir de nous offrir le repos, de nous permettre de nous re-poser, c’est-à-dire de nous poser (à nouveau) en lui, nous abandonnant à la sécurité de son amour pour y refaire nos forces, retrouver confiance, avant de reprendre notre route. Telle est la préoccupation constante de l’Emmanuel, Dieu-avec-nous en son Fils Jésus-Christ, qui cherche par tous les moyens à nous convaincre de « venir à lui », afin qu’il puisse guérir nos pauvres cœurs blessés, enfermés dans la peur.
Devant cette Révélation déconcertante d’un Dieu soucieux de nous « procurer le repos », nous sommes bien obligés de constater que nous sommes loin de connaître Dieu. Spontanément, nous aurions plutôt tendance à l’enfermer dans les a priori énumérés par le mauvais serviteur de la parabole, celui qui soupçonnait son Maître d’être dur, de moissonner là où il n’a pas semé, de ramasser là où il n’a pas répandu le grain (cf. Mt 25, 24). C’est pourquoi il est indispensable de revenir chaque année sur les textes fondateurs de l’Alliance d’amour que Dieu a voulu sceller avec nous, tel cet extrait du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture : « “A quoi donc pourrais-tu me comparer ? Lève les yeux et regarde : qui a créé tout cela ? J’appelle chacune des étoiles par leur nom et il n’en manque pas une !” Alors pourquoi dis-tu : “Dieu ne s’intéresse pas à moi, ma vie n’a guère d’importance à ses yeux !” J’ai créé le ciel et la terre pour toi, et je n’aurais pas souci de toi ? Certes, je ne veux pas m’imposer, mais comment te repousserais-je, moi qui ai accepté que mon Fils unique soit livré pour toi ? Si toi, pauvre pécheur désemparé, tu peux parfois faire preuve de bonté, combien plus moi, qui suis la source de tout Bien, te donnerai-je tout ce dont tu as besoin sur le chemin qui te conduit jusqu’à moi (cf. Mt 7, 11). N’oublie pas que tu vaux à toi seul, infiniment plus que toutes les étoiles du ciel, et que j’ai compté tous les cheveux de ta tête ! (cf. Mt 10, 30). »
L’image du joug est particulièrement émouvante. Lorsque un animal de trait était fatigué et « peinait sous le fardeau », son maître mettait à ses côtés un animal frais, et les unissait tous deux par un joug, de manière à ce que le poids du labeur repose principalement sur le dernier venu. De cette manière, la bête fatiguée pouvait continuer son effort en s’appuyant contre la première. Toutes deux poursuivaient alors leur route, croupe contre croupe, la seconde fournissant le plus gros du travail. Le joug qui unit l’animal fatigué à son compagnon ne lui est pas un poids : il allège tout au contraire son fardeau qui devient par le fait même « facile à porter ». Telle est la « douceur » et l’« humilité » du Fils de l’homme, qui vient discrètement partager notre vie, pour nous aider à la porter jusqu’à son terme où le Père nous attend.

« Je le crois Seigneur : tu es un Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein d’amour ; tu n’agis pas envers moi selon mes fautes, mais tu pardonnes toutes mes offenses et me guéris de toute maladie ; tu réclames ma vie à la tombe et me couronnes d’amour et de tendresse. Aussi accorde-moi la grâce de bénir ton Saint Nom de tout mon être et de me souvenir sans cesse de tes bienfaits (cf. Ps 102) ; retrouvant un élan nouveau, je pourrai alors prendre mon essor comme les aigles, courir sans me lasser, et avancer sans me fatiguer, au devant de celui qui vient me rendre les forces et la santé (cf. 1ère lect.). »