Catholique.org - Questions essentielles

3e dimanche de l’Avent

Les deux premières lectures sont empreintes d’une joie profonde qui caractérise ce 3ème dimanche de l’Avent, appelé encore « Gaudete », premier mot de l’antienne d’ouverture qui donne le ton de toute la liturgie : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-5).
Les termes utilisés par Sophonie nous invitent même à oublier toute retenue dans l’expression de cette joie qui rend gloire à Dieu : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! » Il est vrai que le motif invoqué est inouï : « Le roi d’Israël, le Seigneur ton Dieu est en toi. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie ». Mû par l’Esprit Saint, le prophète entrevoit le mystère des noces de Dieu avec son peuple, sur fond d’une initiative salvifique déconcertante du Seigneur : « C’est lui le héros qui apporte le salut ».
Il fut un temps où en ce troisième dimanche de l’Avent, la couleur de pénitence - le violet - était remplacée par le rose, mélange de rouge - désignant l’Esprit Saint - et de blanc - symbole de la Sagesse divine, c’est-à-dire du Verbe ; ce mélange suggérant précisément l’incarnation. L’invitation à la joie qui est adressée en ce jour à l’Eglise tout entière, fait en effet écho à la première parole adressée à Marie à l’aube des temps nouveaux. La salutation adressée par l’Ange de Dieu à la Vierge immaculée, était également une invitation joyeuse : « Exulte, sois dans la joie, Comblée de grâce ! » Par son fiat, Marie a permis que cette salutation rejoigne chacun d’entre nous, et nous accompagne tout au long de notre parcours vers la Jérusalem céleste où s’accomplira notre espérance.
Cependant, si nous avons tant soit peu conscience de la grandeur de ce mystère, comment ne ressentirions-nous pas notre indignité à accueillir l’hôte divin ? Qui n’éprouverait pas le besoin impérieux de se préparer, par une sincère conversion, à cette visitation divine ? Poussés par l’Esprit, nous nous joignons aux pèlerins du désert de Judée, qui viennent « se faire baptiser par Jean », et nous lui demandons : « Que devons-nous faire ? »
Contrairement à ce que nous aurions pu craindre, le Baptiste ne nous impose pas de prouesses ascétiques : il nous invite simplement à revenir à des relations justes et vraies. La justice consiste à donner à chacun ce qui lui revient, à commencer par la part du bien commun qui lui est due. Le partage de la nourriture et du vêtement n’est pas encore de la charité : ce n’est que stricte justice. La vérité consiste à agir conformément à la mission reçue sans outrepasser ses droits. Même le collecteur d’impôts ou le soldat peuvent prétendre entrer dans la joie de Celui qui vient, s’ils se contentent d’accomplir leur devoir d’état, en résistant aux pièges de l’avoir et du pouvoir.
Somme toute, le Seigneur attend de chacun de nous que nous agissions en accord avec notre conscience, c’est-à-dire dans l’obéissance à la loi naturelle qu’il a lui-même inscrite en nos cœurs. Quant au « davantage » de l’amour de charité - c’est-à-dire la capacité de ne pas seulement partager ce que nous avons, mais de nous donner en partage - c’est précisément le cadeau de noce que l’Epoux se réserve d’offrir à son Epouse : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ».
Telle est la grande mission du Messie : nous plonger dans l’incandescence de l’amour de Dieu, afin d’embraser nos cœurs de charité, après avoir brûlé le bois mort de notre péché. Jean-Baptiste emploie une image agricole pour exprimer cette mission : le Messie « séparera la bale du grain ; il amassera celui-ci dans son grenier et brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas ». Ce n’est pas un feu destructeur que le Seigneur invoquera sur nous, mais une flamme purificatrice qui consume tout ce qui est incompatible avec sa présence divine en nous. Ni le publicain, ni le soldat, ni aucun de ceux qui se présentent au baptême de conversion ne sont exclus par le Précurseur ; a fortiori ne le seront-ils pas par le Sauveur. Nul n’est voué à l’anathème : tous sont au contraire invités à se préparer activement à la grande purification dans le Feu de l’Esprit, qui leur donnera accès à la joie du Royaume.
Cette joie, nous l’avons déjà goûtée, ou du moins pressentie ; joie de la vie filiale, joie de la nuptialité de l’Eglise, joie de l’Esprit reçu au baptême et dont le Règne dans nos vies est consolidé par les sacrements et la prière. Cette joie est au cœur du mystère de l’Avent, et la seconde lecture nous invite à la rechercher activement, ainsi que la paix profonde qui l’accompagne, signes de la présence de l’Esprit : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche ».
Il est bon de savoir que nous avons une « boussole intérieure », qui nous indique la direction à prendre : l’onction de paix et de joie spirituelle nous confirme à chaque instant si la route que nous empruntons est la bonne, c’est-à-dire si elle nous rapproche du Seigneur qui vient. Que la Vierge Marie nous aide à reconnaître le murmure de l’Esprit, pour que nous puissions répondre à son appel, et entrer dans la jubilation de l’Epouse, « car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël » (Is 12, 6).

« Tu le vois Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau » (Or. d’ouvert.).