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Férie de Noël

Après André et Simon-Pierre, Philippe est le troisième disciple à être appelé par son nom. Ici encore, l’appel de Jésus résonne dans toute sa force : « Suis-moi ». Mais saint Jean va surtout s’arrêter sur la figure de Nathanaël. La tradition l’identifiera plus tard avec Barthélémy sans doute parce que dans la liste des Douze chez saint Marc il apparaît juste après Philippe.

Nathanaël est une figure qui compte dans le quatrième évangile. Il révèle en effet la difficulté à laquelle furent d’emblée confrontés les juifs du temps de Jésus : le contraste entre le Messie glorieux qu’ils attendaient et l’origine obscure et insignifiante de ce Jésus. Comment le Messie dont parlent les prophètes et la Loi de Moïse pourrait-il bien venir de cette petite bourgade de Nazareth ! « De Nazareth ! Peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Cf. Evangile)
A cela se rajoute la prétention de Jésus à être Fils de Dieu. Ce scandale de l’Incarnation n’aura de cesse de percuter les contemporains du Seigneur. Eux qui déjà ne peuvent voir en lui le Messie temporel qu’ils attendaient, comment pourraient-ils reconnaître sa divinité ! Jean nous expose bien cela dans son évangile en nous rapportant ces paroles de certains juifs : « N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph ? Ne connaissons-nous pas son père et sa mère ? Comment peut-il déclarer maintenant : je suis descendu du ciel ? » (Jn 6, 42)

C’est alors que Jésus pose son regard sur Nathanaël et prononce ces paroles mystérieuses : « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier je t’ai vu ». Mais tout s’éclaire lorsque l’on sait que pour les rabbins l’expression « s’asseoir sous le figuier » désigne l’acte de méditer les Ecritures. Jésus a vu Nathanaël sous le figuier. Autrement dit, Jésus était là dans ce moment où Nathanaël était tout absorbé dans la Parole de Dieu, où il s’est laissé saisir par elle. L’appel à être disciple demande toujours de vivre dans l’intimité de Jésus dans l’écoute de la Parole du Père. C’est en cela que Nathanaël est un véritable fils d’Israël. Il a ouvert son cœur à Dieu. Il a laissé descendre au plus profond de son être sa Parole de Vérité et dans cette prière, il a pu reconnaître son regard. Nathanaël confesse en Jésus le Messie et le Fils de Dieu, non parce que Jésus lui a révélé ce qu’il faisait mais parce qu’établi dans un cœur à cœur avec Dieu, ses yeux se sont ouverts dans la foi au mystère de la personne du Christ : « c’est toi le Fils de Dieu, c’est toi le roi d’Israël ».

Jésus va alors conduire son disciple encore plus loin dans la foi en lui révélant la mission liée à cette identité qu’il vient de reconnaître : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme. » Jésus fait ici référence à la vision de l’échelle de Jacob sur laquelle montent et descendent des anges (Cf. Gn 28, 12). De manière voilée, c’est l’arbre de la croix que Jésus désigne, arbre qui opère à nouveau l’ouverture des cieux et permet la réconciliation de la terre et du ciel, de l’homme et de Dieu. En Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, la gloire divine descend sur la terre et son accès est à nouveau possible à l’homme. L’identité divine de la personne du Christ s’identifie avec sa mission de salut. Le disciple qui de son intimité avec Dieu aura reconnu la divinité du Christ sera entraîné à coopérer à son œuvre de salut.

« Seigneur, durant ce temps de Noël, fais-nous la grâce, dans la méditation de ta Parole, de renaître à une intimité profonde avec toi pour nous voir renouveler dans notre marche à ta suite et dans notre communion active à ton œuvre de salut. »