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Férie de Carême

L’évangile de ce jour nous met devant le jugement dernier lors du retour de notre Seigneur Jésus-Christ dans la gloire. La mise en scène est pour le moins impressionnante. Jésus nous est présenté comme siégeant sur son trône de gloire. Les anges l’entourent et face à lui la foule rassemblée des nations. C’est alors que notre Seigneur sépare les brebis des chèvres.

Notons au passage que ce n’est pas lui qui établit une distinction. Celle-ci est déjà faite. Que fait donc ce juge si ce n’est ratifier un constat de fait ? Il ne décide pas de qui est « chèvre » ou de qui est « brebis ». Non. Il ne fait qu’expliciter « la suite de l’histoire » pour ceux qui se présentent à lui comme étant déjà des « chèvres » ou des « brebis ». Il place les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Les premières reçoivent en héritage le royaume de Dieu, les secondes s’en vont dans le feu éternel.

« Chèvre » ou « brebis » ne fait donc que désigner une manière d’avoir été avant cette rencontre avec le Seigneur de gloire. Et celle-ci se définit en référence à la charité. « Le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ’Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ » Et il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »

C’est l’amour que nous aurons déployé tout au long de notre vie envers notre prochain qui nous conduira à être établis par le Seigneur à sa droite ou à sa gauche. Et il est capital de noter ici que du côté des chèvres comme du côté des brebis, ce n’a jamais été la présence du Seigneur qui a directement motivé leur charité ou leur non charité. Depuis que le Verbe s’est fait chair, l’amour de Dieu s’identifie avec l’amour du prochain ou pour le dire avec Maxime le Confesseur : « L’habitus de l’amour de Dieu inclut toujours l’amour pour le prochain ».
Remarquons aussi qu’il n’est également fait aucune mention directe de péchés de la part des « chèvres » ou des « brebis ». Cela signifierait-il que les brebis n’ont pas péché ? Non, cela veut peut-être tout simplement dire que « la charité couvre une multitude de péchés » (1 P 4, 8). Et même si les brebis, voire même les chèvres, avaient toujours eu une attitude religieuse de foi parfaite vis-à-vis de Dieu, cette péricope nous rappelle que « nous aurions beau avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, s’il nous manquait l’amour, nous ne serions rien » (1 Co 13, 2).

« Seigneur, fais-nous grandir dans la charité. Donne-nous la force de nous dépenser généreusement au service de nos frères en humanité. Tu nous redis aujourd’hui que la mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure et que c’est le seul chemin qui conduise jusqu’à toi. Oui, tu nous as fait pour toi Seigneur et parce que tu es amour (1 Jn 4, 8.16), cela signifie que tu nous as fait pour l’amour. »