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« Sacramentum Caritatis » : dans la lignée de Jean-Paul II, exhortation apostolique de Benoit XVI sur l’Eucharistie

Ce midi près de la Salle-de-Presse du Saint- Siège a été présentée l’Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis, consacrée à l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise. La conférence de presse a été présidée par le Cardinal Angelo Scola, Patriarche de Venise et Rapporteur général de la XI Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, et par Mgr.Nikola Eterovic, Secrétaire général du Synode.

Daté du 22 février, Chaire de saint Pierre, ce document recueille les fruits du Synode d’octobre 2005. Il est publié en latin, allemand, anglais, espagnol, français, italien, polonais et portugais.

Pour Mgr.Eterovic, l’Exhortation appartient à "la série des grands documents sur l’Eucharistie, tels ceux de Jean-Paul II intitulés Ecclesia De Eucharistia ou Mane Nobiscum Domine. Sacramentum Caritatis, qui est dans ce sillage, entend proposer une actualisation de certaines vérités essentielles de la doctrine eucharistique, encourager à un célébration liturgique digne, recommander la pratique quotidienne de la vie eucharistique".

Le document se "présente sous une forme qui rend accessible les vérités de la foi eucharistique et qui aborde des questions actuelles de la célébration. Il veut relancer la réalisation d’un monde plus juste et pacifique, où le pain rompu pour tous serve d’exemple à la lutte contre toutes les faims et toutes les pauvretés".

Puis le Cardinal Scola a commenté le titre du document, soulignant "l’insistance du Pape en ces deux années de pontificat sur la vérité de l’amour", thème qui est clairement crucial pour l’avenir de l’Eglise et de l’humanité.

L’Exhortation, qui développe le lien étroit entre "le mystère eucharistique, l’action liturgique et le nouveau culte spirituel", se divise en trois parties, "chacune approfondissant les dimensions de l’Eucharistie que sont l’Eucharistie, mystère à croire, mystère à célébrer, mystère à vivre".

"L’enseignement papal -a ajouté le Cardinal- montre clairement comment l’action liturgique (mystère à célébrer) est celle qui rend possible la conformation de la vie chrétienne (mystère à vivre) avec le fidèle (mystère à croire)". Puis Benoît XVI, "par le biais d’une seconde nouveauté doctrinale de grande importance" souligne aussi "l’importance de l’art de célébrer dans le cadre d’une participation active et fructueuse".

La première partie de l’Exhortation traite d’abord du "don gratuit de la Trinité" qui explique le mystère eucharistique à partir de son origine trinitaire, assurant le caractère permanent du don... Cet enseignement s’appuie sur la raison profonde exprimée par Sacramentum Caritatis quant à l’adoration et son rapport étroit à la célébration eucharistique".

Dans le passage sur "institution christologique et action de l’Esprit", le Pape aborde "l’institution de l’Eucharistie en relation avec la Pâque juive...passage décisif pour comprendre la nouveauté radicale que Jésus a apporté par rapport à l’ancien rite pascal".

De fait, a ajouté le Cardinal Scola, "nous répétons l’acte fixé chronologiquement de la dernière Cène de Jésus, célébrant ainsi l’Eucharistie comme Novum total du culte chrétien". Jésus "nous convoque à ce mystère de mort et de résurrection, principe innovateur...dans toute l’histoire".

Dans "Eucharistie et Eglise", thème abordé ensuite, il a rappelé que "l’Eglise a pour principe l’Eucharistie" et qu’à chaque messe "nous confessons le primat du don christique. Le poids de l’institution eucharistique sur les origines de l’Eglise révèle une précédence autant chronologique qu’ontologique". Affirmant la relation circulaire entre l’Eucharistie qui bâtit l’Eglise et l’Eglise qui la célèbre, Benoît XVI fait un important choix magistériel en faveur du primat eucharistique sur la dimension ecclésiale".

Ensuite dans "l’Eucharistie et les sept sacrements", il a rappelé qu’elle porte l’initiation chrétienne à sa plénitude, mais aussi "aux fonctions de cour et de finalité de la vie sacramentelle ". Le Pape, a ajouté le Cardinal, reprend les différents sacrements et insiste pour la Réconciliation sur l’exigence "d’un retour à la pédagogie de la conversion qui naisse de l’Eucharistie... Quant à l’Onction des infirmes et au viatique, ils offrent aux fidèles la possibilité de s’associer aux souffrances du Christ offertes pour la salut de tous".

Le caractère "irremplaçable du sacerdoce ministériel dans la célébration de la messe est réaffirmé dans "Eucharistie et ordre", où le Pape "souligne la profondeur du lien entre ordre sacerdotal et célibat. Tout en respectant la discipline des différentes traditions orientales, il faut réaffirmer le sens du célibat sacerdotal qui est juste et constitue une immense richesse".

Il est question ensuite de la forte diminution du clergé sur certains continents, une question "qui doit être avant tout affrontée par le témoignage de la beauté de la vie sacerdotale, mais aussi "au moyen d’une solide formation vocationelle".

Dans "Eucharistie et mariage", Benoît XVI rappelle que "l’Eucharistie est le sacrement sponsal par excellence, qui corrobore pleinement l’unité et l’amour indissolubles du mariage chrétien".

"A partir du caractère nuptial de l’Eucharistie -a ajouté le Cardinal Scola- le Pape envisage l’unicité du mariage chrétien face à la polygamie et à l’indissolubilité matrimoniale".

Le document papal contient aussi "d’importantes suggestions pastorales relatives aux catholiques divorcés et remariés. Il réaffirme que malgré leur situation ils sont toujours membres de l’Eglise et qu’on leur doit une attention particulière", énumérant quelques façons pour eux de participer à la vie communautaire sans recevoir la Communion mais en adoptant un style de vie chrétien".

"Il s’agit également des personnes dont le mariage a été célébré validement et qui, objectivement ne peuvent contracter d’autres liens. On leur proposera un appui pastoral spécifique pour les aider à vivre leur relation selon les exigences de la loi divine, en amis, comme frère et sour, la transformant en un rapport d’amitié". Dans la deuxième partie, "Eucharistie, mystère qui doit être célébré", est présenté "le déroulement de l’action liturgique dans la célébration, indiquant les éléments qui méritent une plus grande réflexion et offrant certaines suggestions pastorales de grande importance".

Le Pape propose plusieurs indications sur la richesse des signes liturgiques (le silence, les habits, les gestes : debout, agenouillés...) et l’art au service de la célébration. Il rappelle que le tabernacle doit se trouver dans un lieu visible, et que cette visibilité doit être soulignée par une lumière toujours allumée.

En décrivant les "conditions personnelles pour une participation fructueuse", le Saint-Père met en valeur l’unité entre mystère eucharistique, action liturgique et nouveau culte spirituel.

Le document rappelle certains aspects pastoraux qui favorisent une participation active plus adéquate au rite sacré : l’usage des moyens de communication, l’attention aux malades, aux détenus, aux émigrés, les grandes célébrations qui doivent être "limitées à des situations extraordinaires", les liturgies eucharistiques en petits groupes. De même, est conseillé "un recours plus fréquent au latin, surtout lors des grandes célébrations internationales, sans oublier l’importance du chant grégorien".

"Le Pape -a poursuivi le Rapporteur général du Synode- rappelle l’intrinsèque unité du rite de la messe", également exprimée dans "l’attention portée à la liturgie de la Parole". Benoît XVI a insisté sur "l’importante valeur éducative pour la vie de l’Eglise de la présentation des dons, du geste de paix et de l’Ite Missa Est. Le Saint-Père a confié aux dicastères compétents l’étude d’une possibilité de changements sur ces deux derniers points".

Dans la troisième et dernière partie du document, a précisé le Cardinal, "est présentée la capacité du mystère célébré à constituer l’horizon ultime et définitif de l’existence chrétienne".

Dès les premiers mots de l’Exhortation apostolique, a ensuite fait remarquer le Cardinal Scola, le Pape souligne "avec force que le don de l’Eucharistie est pour l’homme, il répond aux espérances de l’homme... Les chrétiens rencontrent lors de la célébration eucharistique le Dieu vivant et vrai, capable de sauver la vie. Et ce salut a comme interlocuteur la liberté de l’homme". Benoît XVI écrit à ce propos : "C’est précisément parce que le Christ s’est fait pour nous aliment de Vérité que l’Eglise s’adresse à l’homme, l’invitant à accueillir librement le don de Dieu".

"L’importance anthropologique de l’Eucharistie ressort avec toute sa force dans le culte nouveau, caractéristique du christianisme... Sur la base de l’action eucharistique, chaque circonstance de l’existence se convertit, pour ainsi dire, en sacramentel. "Régénéré par le Baptême et assimilé eucharistiquement à l’Eglise, l’homme peut finalement se réaliser pleinement, en apprenant à offrir son propre Corps, c’est à dire, tout son être, comme sacrifice vivant saint et agréable à Dieu".

Le Patriarche de Venise a alors précisé que "chaque fidèle est appelé à une profonde transformation de sa propre vie", qui est, comme l’écrit le Pape, "le désir cordial de correspondre à l’amour cordial du Seigneur par tout son être, malgré la conscience de la propre fragilité".

"Dans ce contexte -a t-il poursuivi- la responsabilité des chrétiens qui occupent des postes publics et politiques recouvre une importance particulière". Concrètement, les politiques et les législateurs catholiques doivent "présenter et soutenir -écrit le Saint-Père- les lois inspirées des valeurs fondamentales de la nature humaine. Ce qui a une relation objective avec l’Eucharistie".

Dans un autre passage du document, le témoignage est présenté comme une forme de mission. "La mission première et fondamentale que nous recevons des saints Mystères que nous célébrons est celle de témoigner par notre vie".

"L’exhortation -a-t-il ajouté- recommande vivement à tous, mais en particulier aux fidèles laïques de ’cultiver le désir que l’Eucharistie agisse à chaque fois, toujours plus profondément dans leur vie quotidienne, les convertissant en témoins visibles sur leur lieu de travail et dans toute la société’".

Le Cardinal Scola a enfin affirmé que le document "n’hésite jamais à redire que l’Eucharistie encourage tous ceux qui croient...à se faire pain partagé pour les autres, et ainsi à travailler pour un monde plus juste et fraternel".

Après avoir rappelé que la célébration eucharistique "implique l’offre du pain et du vin, fruit de la terre, de la vie et du travail des hommes", il a dit que "le thème de la sauvegarde de la création se développe en relation avec le dessein de Dieu sur toute la création. La réalité n’est pas seulement matière neutre qui peut être facilement manipulée par la technique et la science, mais elle est chère à Dieu en vue de la récapitulation de toutes choses dans le Christ. D’où la responsabilité du chrétien pour la sauvegarde de la propre création qui s’alimente de l’Eucharistie".

Puis le Cardinal Scola a exprimé sa conviction que "dans l’authenticité de la foi et du culte eucharistique se trouve le secret d’un renouveau de la vie chrétienne capable de régénérer le Peuple de Dieu. Le mystère de l’Eucharistie permet d’accéder à la réalité de Dieu qui est amour".

En introduction et en conclusion du document, Benoît XVI a souligné la relation entre l’Eucharistie et la Vierge. "Nous voyons parfaitement en Marie le moyen sacramentel par lequel Dieu, dans son dessein de salut, se fait proche et à l’écoute de l’homme. Nous devons apprendre de Marie à nous convertir en personnes eucharistiques et ecclésiales".

- Texte intégral
- La messe expliquée