Inhabituel : le président de la République répond longuement aux félicitations du Pape pour son élection. La lettre, dont le texte n’est pas encore disponible, est, d’après La Croix du 22 juin, “longue” et “au contenu substantiel”. Aux yeux du Saint-Siège, la missive serait le signe de « l’ouverture du nouveau chef de l’État aux problèmes religieux ». Le quotidien commente :
« Que le pape écrive pour féliciter un nouveau chef d’État, rien de plus banal dans les usages diplomatiques du Saint-Siège. Mais que le récipiendaire, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, lui réponde sous la forme d’une lettre substantielle et longue - dont La Croix a eu connaissance - est chose plus rare. Surtout venant de la France, pays qui, aux yeux de Rome, fait souvent montre d’une laïcité trop raide. Benoît XVI y a été très sensible, au point de s’en féliciter ouvertement samedi devant l’archevêque orthodoxe Chrysostomos II de Chypre. »
Le nouveau président de la République aurait notamment recommandé au Pape le sort des otages retenus dans le monde, et celui d’Ingrid Bétancourt en particulier.
La réponse de Benoît XVI ne s’est pas fait attendre lors de l’Angélus du 10 juin, qui a déclaré : « On me demande malheureusement souvent d’intervenir en faveur de personnes, parmi elles également des prêtres, enlevées pour diverses raisons et dans diverses parties du monde [...]. Je les porte toutes dans mon cœur et dans ma prière, en pensant, entre autres, au cas douloureux de la Colombie ».
La correspondant de La Croix, à Rome, Isabelle de Gaulmyn, note que « ce nouveau climat de la part du pays responsable, aux yeux du Vatican, de la suppression de la mention des “racines chrétiennes de l’Europe” dans le débat sur la Constitution européenne, est donc bien accueilli à Rome. Déjà, l’entretien accordé par Nicolas Sarkozy, alors candidat, à l’hebdomadaire Famille chrétienne, où il affirmait notamment que le christianisme “participe de manière essentielle à l’identité nationale”, avait été lu ici avec intérêt. »
Au-delà de cette satisfaction, la question qui préoccupe Rome est celle du traité simplifié. Nicolas Sarkozy n’évoque pas dans son courrier la question des racines chrétiennes dont la diplomatie du Saint-Siège semble avoir fait son deuil, restant en revanche extrêmement vigilante sur l’article 52 de l’ancien projet. Celui-ci reconnaissait le principe d’un dialogue institutionnalisé entre Églises et instances européennes.
Le pape viendra en France à l’automne 2008, pour le 150e anniversaire des apparitions de Lourdes. D’ici là, une visite spéciale au Vatican du chef de l’État français devrait être programmée.