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Hommage de Benoît XVI au défunt card. Lustiger

Un « pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile » : c’est en ces termes que le pape Benoît XVI a rendu hommage au cardinal Lustiger dans un télégramme adressé à l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois.

A l’occasion des funérailles du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, présidées par son successeur, Mgr Vingt-Trois, le pape Benoît XVI a en effet rendu un hommage appuyé au cardinal défunt dans un message confié à son envoyé spécial, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture.

Le message du pape a été lu par le cardinal Poupard au terme de la célébration, à Notre Dame de Paris, le 10 août dernier.

« Apprenant avec une vive émotion le décès du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, je tiens à vous exprimer ma profonde union de prière avec l’archidiocèse de Paris, avec les proches du défunt et avec tous ceux que touche la disparition de cette grande figure de l’Eglise en France », dit le télégramme.

« Je confie à la miséricorde de Dieu le cher cardinal Lustiger qui consacra généreusement sa vie au service du peuple de Dieu dans le diocèse d’Orléans et dans l’archidiocèse de Paris. Je rends grâce au Seigneur pour son ministère épiscopal, gardant présent le souvenir de ce pasteur passionné par la recherche de Dieu et par l’annonce de l’Evangile au monde. De son ministère auprès des étudiants, il avait gardé le souci des jeunes. Dans les communautés qui lui ont été confiées, il contribua à développer l’engagement missionnaire des fidèles et il s’attacha particulièrement à renouveler la formation des prêtres et des laïcs », soulignait le pape.

Benoît XVI ajoutait : « Homme de foi et de dialogue, il se dépensa généreusement afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles entre chrétiens et juifs ».

La prière juive des endeuillés, le kaddish, a en effet été priée sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame par Arno Lustiger, cousin du cardinal et la communauté juive présente, avant les funérailles chrétiennes, en présence de la soeur du cardinal, Arlette et d’autres membres de sa famille.

Jonas Moses-Lustiger, arrière-petit cousin du cardinal a déposé sur le cercueil de la terre de Terre sainte recueillie en deux lieux différents symbolisant les deux peuples qui habitent cette terre : au monastère Saint-Georges-Kosiba près de Jéricho, et à Jérusalem, au jardin situé au sommet du Mont des Oliviers.

Avant d’être scellée dans un coffret, cette terre a été portée au Kotel le mur occidental de soubassement de l’ancien temple d’Hérode le Grand, appelé aussi Mur des Lamentations, puis en la basilique du Saint-Sépulcre, au Calvaire - ou Golgotha, lieu de la mort du Christ - et au tombeau du Christ, lieu de la résurrection.

Le cercueil du cardinal portait cette inscription : « Aron Jean-Marie cardinal Lustiger 1926 1981 2005 + 2007 ».

Jonas Moses-Lustiger a lu le Psaume 113 en hébreu puis en français. C’est le cardinal Lustiger qui lui avait demandé ce geste de verser cette terre dans une coupe, sur son cercueil, terre de la « Terre Sainte », où il avait pensé accomplir son ministère sacerdotal.

« Intellectuel clairvoyant, il sut mettre ses dons au service de la foi, pour rendre présent l’Evangile dans tous les domaines de la vie de la société », insistait encore le pape dans son télégramme.

« En gage de réconfort, je vous accorde, Monseigneur, la bénédiction apostolique, ainsi qu’à vos auxiliaires, aux proches du cardinal défunt, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées, aux fidèles de l’archidiocèse et à toutes les personnes qui prendront part aux obsèques », concluait Benoît XVI.

Après avoir salué le président de la République et les autorités présentes, Mgr Vingt-Trois s’est adressé au cardinal Poupard, représentant du pape Benoît XVI en ces termes : « Le pape Benoît XVI, par sa délicate attention, nous apporte le réconfort de son amitié et de sa prière. Eminence, nous sommes très touchés du choix que le Saint Père a fait en vous envoyant parmi nous et nous vous prions de bien vouloir lui exprimer notre reconnaissance et notre affection respectueuse ».

Le cardinal Lustiger avait choisi les textes de la messe, dont l’évangile de l’Annonciation à Marie, celui de sa messe d’ordination comme évêque à Orléans en 1979. Il en avait tiré sa devise épiscopale : « Rien n’est impossible à Dieu », a souligné Mgr Vingt-Trois.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger a marqué d’une empreinte très profonde l’Eglise de Paris - qu’il laissait complètement renouvelée au moment de passer le témoin à Mgr Vingt-Trois, nommé le 11 février 2005 -, mais aussi de France et du monde, en particulier au cours de ses quelque 25 ans d’épiscopat et de cardinalat (il avait été créé cardinal au cours du consistoire du 2 février 1983, après avoir été nommé archevêque de Paris le 31 janvier 1981). Il s’est éteint à Paris, le dimanche 5 août, en la fête de la dédicace de la basilique Sainte-Marie Majeure, à la maison médicale Jeanne Garnier.

Atteint d’un cancer des os et des poumons, il était hospitalisé dans cette unité de soins palliatifs depuis le mois d’avril. Une unité dont il avait posé la dernière pierre. A un ami qui lui demandait s’il souffrait, le cardinal avait répondu : « Je ne souffre pas, mais j’ai des douleurs... ». Quatre personnes de différents continents qui l’ont accompagné jour après jour ces derniers mois ont allumé des cierges autour de son cercueil au début de la célébration à laquelle participaient, dans la cathédrale comble et sur le parvis Jean-Paul II, quelque 5000 personnes, de différentes confessions et religions, dont le président français Nicolas Sarkozy et l’ancien président polonais Lech Walesa, et des évêques du monde entier.

La célébration a été transmise par Radio Notre-Dame et sur la chaîne de télévision KTO, medias qu’il a fondés et où l’on peut réentendre différents hommages.

Le site du diocèse de Paris (catholique-paris.cef.fr) permet de lire les hommages de l’Académicien Maurice Druon - au « cardinal juif » - de Benoît XVI, ainsi que l’homélie de Mgr Vingt-Trois, collaborateur du cardinal Lustiger dès son ministère en paroisse à Sainte-Jeanne de Chantal, et de revoir les obsèques.

Le cardinal Lustiger repose en la crypte de la cathédrale Notre-Dame - dans le caveau des archevêques - auprès du coffret de Terre sainte avec cette inscription voulue par lui :

« Je suis né juif.
J’ai reçu le nom
de mon grand-père paternel, Aron.
Devenu chrétien
par la foi et le baptême,
je suis demeuré juif
comme le demeuraient les Apôtres.
J’ai pour saints patrons
Aron le Grand Prêtre,
saint Jean l’Apôtre,
sainte Marie pleine de grâce.
Nommé 139e archevêque de Paris
par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II,
j’ai été intronisé dans cette cathédrale
le 27 février 1981,
puis j’y ai exercé tout mon ministère.
Passants, priez pour moi ».