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Les foules africaines exubérantes et leur sens du sacré ont frappé Benoît XVI

La joie exubérante des foules africaines, mais aussi leur capacité de recueillement et leur sens du sacré, la mort des deux jeunes filles au stade de Yaoundé, la coopération de l’Etat et de l’Eglise au centre cardinal Léger, au service des malades, et la mise en route du synode : ce sont les cinq points abordés par Benoît XVI dans l’avion du retour à Rome, lundi 23 mars.

« Premières impressions d’un voyage réussi », titre pour sa part à la Une L’Osservatore Romano en italien du 25 mars.

Le pape a confié aux journalistes ce premier bilan rapide de son voyage de sept jours au Camaroun, où il a remis l’Instrument de travail du synode, aux évêques catholiques du continent, et en Angola, où il avait rendez-vous avec toute l’Eglise de l’Afrique australe : un million de personnes a participé à la messe de dimanche 22 mars, à Luanda.

Mais on attend aussi que Benoît XVI présente un bilan plus étoffé demain matin, lors de l’audience générale du mercredi, comme c’est la coutume après un voyage apostolique du pape.

Benoît XVI a d’abord confié « deux souvenirs » des foules : leur joie et leur recueillement. « J’emporte avec moi surtout deux souvenirs : d’un côté, j’ai été impressionné par cette cordialité presque exubérante, cette joie, d’une Afrique en fête, et il me semble que la présence du pape leur a fait prendre conscience que nous sommes les enfants et la famille de Dieu. Cette famille existe, et nous, avec toutes nos limites, nous sommes dans cette famille et Dieu est avec nous. Et ainsi la présence du pape... les a aidés à percevoir cela ». Le thème de la « famille de Dieu » est un leitmotiv de l’exhortation apostolique de Jean-Paul II Ecclesia in Africa.

« D’un autre côté, a ajouté le pape, j’ai été très impressionné par l’esprit de recueillement dans les liturgies, par une conscience forte du sacré. Dans les liturgies, il n’y a pas eu d’auto-présentation des groupes, d’auto-animation, mais il y avait la présence du sacré, de Dieu lui-même ; même les mouvements étaient toujours des mouvements pleins de respect, conscients de la présence divine. Cela m’a fait une forte impression ».

Benoît XVI a aussi évoqué la tragique bousculade, à l’entrée du stade de Yaoundé (cf. Zenit du 22 mars 2009) : « Ensuite, je dois dire que j’ai été profondément touché par la mort de deux jeunes filles, samedi, dans la bousculade qui s’est produite à l’entrée du stade. J’ai prié et je prie pour elles. Malheureusement, l’une d’elles n’a pas encore été identifiée. Le cardinal Bertone et Mgr Filoni ont pu rendre visite à la maman de l’autre jeune fille : une femme, veuve, courageuse, avec cinq enfants. La fille décédée était l’aînée et elle était catéchiste. Nous prions tous et nous espérons qu’à l’avenir les choses pourront être organisées de sorte que cela ne se produise plus ».

Benoît XVI a ensuite évoqué sa rencontre au centre fondé en 1975 par un archevêque canadien qui a choisi de vivre sa retraite au service de la mission et des malades, le cardinal Paul-Emile Léger (1904-1991, cf. Zenit du 20 mars 2009). « Puis, j’emporte avec moi deux autres souvenirs : un souvenir spécial - j’aurais beaucoup de choses à dire - est lié au Centre cardinal Léger : cela m’a beaucoup ému de voir tant de personnes qui souffrent, de voir toute la souffrance, la tristesse, la pauvreté de l’existence humaine, mais aussi de voir comment l’Etat et l’Eglise collaborent pour aider ceux qui souffrent. D’un côté, l’Etat gère de manière exemplaire ce grand Centre, de l’autre, des mouvements d’Eglise collaborent pour aider réellement ces personnes. Et on voit, me semble-t-il, qu’en aidant celui qui souffre, l’homme devient plus humain, le monde devient plus humain : cela restera gravé dans ma mémoire ».

Benoît XVI a également cité la mise en route de la deuxième assemblée synodale pour l’Afrique qui se tiendra à Rome du 4 au 25 octobre prochain sur le thème : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ’Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde’ (Mt 5, 13.14) ». Le pape a en effet remis le document de travail aux évêques lors de la messe du 19 mars, à Yaoundé, devant quelque 60.000 personnes (cf. Zenit du 19 mars 2009).

« Ensuite, a confié le pape, nous avons remis l’Instrumentum laboris du Synode et avons aussi travaillé pour le Synode. Le soir de la fête de Saint Joseph, j’ai rencontré les membres du Conseil pour le Synode - 12 évêques - et chacun a parlé de la situation de son Eglise locale, de ses propositions, de ses attentes, donnant ainsi une image de la réalité de l’Eglise en Afrique : une Eglise qui va de l’avant, une Eglise qui souffre, une Eglise qui agit, avec ses espoirs et ses problèmes. Je pourrais raconter beaucoup de choses, rappeler par exemple que l’Église d’Afrique du Sud qui a eu une expérience de réconciliation difficile, mais réussie, participe maintenant, grâce à son expérience, aux tentatives de réconciliation au Burundi et cherche à faire quelque chose de semblable, même si avec de très grandes difficultés, au Zimbabwe. Bon voyage à tous ! Merci ».

Anita S. Bourdin

avec Isabelle Cousturié