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Master en théologie de la nouvelle évangélisation

Fort de votre expèrience pastorale et avec l’aide d’experts, vous avez élaboré tout un programme en « théologie de la nouvelle évangélisation ». Pourquoi ce master ?

Pour éviter que le concept « nouvelle évangélisation » soit compris comme un concept vide ou à la mode. On sent déjà planer dans les milieux ecclésiaux une vague incertitude sur le sens de cette expression. Il s’agit à mon sens d’une expression « prophétique ». Et comme toute expression prophétique, sa signification doit s’enraciner dans l’Écriture Sainte et la Tradition de l’Église et recevoir sa fécondité dans un engagement courageux à l’égard du ministère pastoral qui place comme priorité l’évangélisation. Il s’agit d’un acte de foi vécu dans la perspective et l’espérance d’un renouveau ecclésial. Peut-on encore aujourd’hui parler de nouvelle Pentecôte pour cette nouvelle évangélisation ? Peut-on imaginer que le Corps du Christ soit encore en train de se développer ? Peut-on croire que l’Église est appelée à croître et à se multiplier (Ac 12, 24) ? Comment l’Esprit Saint peut-il nous aider à développer cette vision de croissance (Ép 4, 11-16) par le renouveau de l’évangélisation ?

Plus concrètement, ce programme est mis en place par l’Institut missionnaire du diocèse de Fréjus-Toulon. Les objectifs sont les suivants :

1- acquérir une intelligence théologique et pastorale de la nouvelle évangélisation

2- devenir dans son propre milieu formateurs de disciples, d’évangélisateurs et de formateurs en intégrant dans sa vie de baptisé ou de pasteur les grands axes bibliques, théologiques, spirituels, communautaires et pastoraux de la nouvelle évangélisation

3- découvrir sur le terrain de nouvelles méthodes d’évangélisation et vivre l’expérience de la mise en place de l’une ou l’autre de ces méthodes.

Globalement, il faut insister sur le fait que la nouvelle évangélisation implique une formation réelle et profonde des pasteurs et des laïcs. Si toute l’Église doit s’engager dans la nouvelle évangélisation, certains selon des charismes personnels sont appelés à porter d’une manière plus particulière ce ministère de « nouvelle évangélisation », à être des agents multiplicateurs et formateurs de cette vision nouvelle de l’évangélisation. Il faut alors développer, au cœur de notre Église, « une culture de l’évangélisation ». J’aime beaucoup cette expression qui est de Monseigneur Dominique Rey. Elle indique bien la nécessité et l’urgence d’une intelligence approfondie et théologique de l’activité évangélisatrice de l’Église.

Voulez-vous nous présenter les lignes directrices de ce programme ?

Cette formation est assurée par une équipe de professeurs du Séminaire de La Castille, docteurs en théologie, professeurs associés et pasteurs impliqués en nouvelle évangélisation. Le programme qui sera implanté dans le diocèse de Fréjus-Toulon par l’Institut missionnaire propose 5 volets complémentaires que vous trouverez également sur le site de l’Institut.

Les trois premiers volets se situent dans le cadre spécifique des 550 heures de cours ; les deux derniers volets ont une portée pratique :

1er volet - le Séminaire méthodologique qui a pour but de présenter une vue d’ensemble du programme, ses articulations fondamentales et l’outil méthodologique de l’intégration pour l’approfondissement théologique de la nouvelle évangélisation.

2e volet - les Modules théologico-pastoraux qui visent à comprendre l’efficacité de l’évangélisation à travers les différents processus bibliques (processus de vision, d’évangélisation, de conversion, d’in-corporation, de croissance de l’Église, de formation des disciples, de délégation pastorale, de témoignage, de communion missionnaire, etc.) et d’approfondir la fécondité réciproque des différents pôles de la vie missionnaire (entre réflexion théologique et expérience pastorale, entre vie spirituelle et mission évangélisatrice).

3e volet - les Modules d’enseignement théologique qui cherchent à approfondir des thèmes spécifiques et spécialisés de la nouvelle évangélisation (exemples : Psychologie et évangélisation ; Liturgie, sacramentalisation et évangélisation ; Catéchèse, catéchuménat et évangélisation ; Paroisse et évangélisation, etc.).

4e volet - Insertion dans différents milieux pastoraux pour découvrir de nouvelles méthodes d’évangélisation (Cellules paroissiales d’évangélisation, Cours Alpha, Évangélisation de rue, Kékako, porte-à-porte, etc.) et pour mettre en pratique l’une ou l’autre des méthodes.

5e volet - Vivre selon des modalités concrètes (à déterminer en fonction des états de vie et des situations personnelles) la « spiritualité de communion » (NMI, 43-45) missionnaire. Il faudra prévoir un cadre de vie communautaire permettant d’acquérir une réelle pratique missionnaire. Exemples : maisonnées portant un projet missionnaire commun, temps d’animation spirituelle (prière commune, partages, apprentissage de la Parole).

Quel profil d’étudiants attendez-vous ?

Ce programme s’adresse à des prêtres, des consacrés, des laïcs engagés ou désireux de le devenir, dans la mission évangélisatrice de l’Église. Ils devront avoir un niveau suffisant de formation théologique. Pour les laïcs n’ayant pas acquis ce niveau, une formation complémentaire sera assurée. Les personnes qui s’inscrivent ont le choix de trois parcours selon leur disponibilité.

Pour ceux qui ne disposent que d’une année à temps complet, les cours ont lieu à La Castille (lieu de formation du diocèse de Toulon) ; au cours de la deuxième année, ils rédigent sur leur lieu de vie un mémoire de 100 pages et participent à deux sessions à La Castille.

Pour ceux qui disposent de deux années à temps complet, la formation est étalée à partir du premier scénario sur deux années, selon les cheminements de chacun.

Dernière possibilité : une formation étalée sur trois ans à raison de six heures de cours par semaine à La Castille. Cette dernière possibilité a l’avantage d’accueillir les prêtres et laïcs du diocèse et de mieux enraciner l’expérience de formation dans la vie diocésaine. On est en droit d’espérer des fruits à court et à long terme de cette formation au cœur du diocèse qui l’implante.

A plus long terme, cette "théologie" permettrait sans doute d’asseoir la nouvelle évangélisation, lui donner force et cohérence. Est-ce ainsi que vous appréhendez les choses ?

Bien sûr, mais il ne faudrait pas que cette expérience soit exclusive. Toute l’Église est appelée à cette nouvelle évangélisation. Il faut souhaiter qu’à travers les cinq continents ce type de formation théologique s’étende et se multiplie. Les expériences si riches et variées de l’évangélisation dans le monde méritent d’être considérées à la lumière de la réflexion théologique. Il ne s’agit surtout pas de placer la lampe de l’évangélisation sous le boisseau d’une théologie rationalisante et asséchante. Au contraire, le fait d’unifier expérience pastorale d’évangélisation et réflexion théologique ne peut que renforcer la puissance illuminatrice et rayonnante de l’Évangile au cœur de ce monde qui cherche pourtant cette Vérité.

Ma petite expérience pastorale en milieu paroissial, ouverte au souci de témoigner par la réflexion théologique conçue comme un service pour l’Église, me prouve de manière concrète et réelle que l’approfondissement intellectuel, spirituel, biblique et dogmatique permet une efficacité insoupçonnée et toujours plus féconde de l’action missionnaire. Il s’agit vraiment d’un service ecclésial essentiel et fondamental dont l’Église ne peut se passer.

Je termine par cette affirmation récente de Jean-Paul II devant l’Assemblée plénière de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, le 24 mai 2003 :
« Une formation intégrale est urgente, en mesure de préparer des évangélisateurs compétents et saints, à la hauteur de leur mission. »