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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
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Analyses

L’existence de Dieu, « clef de voûte » de tout le savoir

« L’existence de Dieu constitue la « clef de voûte » de tout le savoir, de toute culture, et pas seulement la conclusion d’une recherche philosophique ».

C’est en ces termes que Mgr Francesco Follo, Observateur permanent du Saint-Siège à Paris, à l’UNESCO, au contact permanent avec les cultures du monde, commente, le discours de Benoît XVI à Paris, au Collège des Bernardins, vendredi 12 septembre, devant les représentants du monde de la culture.

Nous publions ci-dessous les réflexions de Mgr Follo

* * *

Dans son merveilleux discours au Collège de Bernardins le Pape Benoît XVI a dit : « Quaerere Deum - chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable. »

Avec le seul désir d’aider une compréhension de ce discours, je suggère ces trois pistes de lecture, que je penserais d’utiliser pour mon service de Représentant du Saint-Siège à l’UNESCO : l’ « humanisme » de notre religion, le fait que « l’amour est connaissance », et que c’est « la raison humaine qui pénètre dans la lumière ».

L’humanisme chrétien

L’art primitif chrétien comme la littérature des premiers siècles du Christianisme témoignent de l’ « humanisme » de notre religion, qui n’a pas supprimé ce que l’humanité avait créé de plus grand avant lui, mais l’a « baptisé ». Dans le Christianisme, les valeurs humaines sont avant tout converties et puis couronnées : elles indiquent le chemin sacré pour le « triomphe » du héros ancien plus parfait, du Christ. L’Evangile est la source d’un « humanisme céleste », de l’homme nouveau, dont Saint Paul parle en écrivant aux Ephésiens : « Il faut vous laisser complètement renouveler dans votre cœur et votre esprit. Revêtez-vous de la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu et qui se manifeste dans la vie juste et sainte qu’inspire la vérité » (4, 23-24). Ce renouveau apporte avec soi des valeurs humaines authentiques, qui peuvent intéresser tous les hommes, car elles sont incarnées dans des œuvres de l’art et de la littérature.

L’amour est connaissance

Dieu est connaissable comme aimable et aimant. Ce qui est à croire n’est autre que l’amour divin ; le lieu de la foi est l’amour humain qui répond à l’amour divin. Pour avoir une connaissance de l’amour, il faut éviter une double idolâtrie : tout d’abord, l’idolâtrie sentimentale, qui consiste dans la pente naturelle de l’amour à s’absolutiser, à s’auto-consacrer pôle de référence de toutes valeurs ; et l’idolâtrie conceptuelle, où Dieu est réduit à la mesure de la raison qui le pose. Il faut passer de la connaissance de l’amour à l’amour comme connaissance. En effet, déjà Saint Augustin disait : « Amore quaeritur » (On cherche par l’amour) et « Non intratur in Veritatem nisi per Caritatem » (On n’entre pas dans la Vérité sinon par la Charité). L’opposition entre intelligence et amour ne va pas de soi. Ce sont deux formes d’intentionnalité, par lesquelles nous visons un objet. De surcroît, l’amour nous révèle un être dans ce qu’il a de plus complexe et singulier à la fois. Le langage biblique nous invite à considérer le même phénomène : nous savons que « connaître » dans la Bible désigne aussi l’acte sexuel. Les Pères de l’Eglise ont souvent rapproché la connaissance, et l’amour. Grégoire le Grand écrit ainsi sans sourciller : « L’amour est connaissance » (Amor notitia est)

C’est la raison humaine qui pénètre dans la lumière

La question sur Dieu engage l’homme, tout l’homme : l’homme qui pense, qui veut, qui désire, qui observe la nature, qui fait l’histoire, qui attend et prépare son destin. De cette recherche que l’on fait « avec toute l’âme », Blaise Pascal, ce philosophe de l’époque moderne, a mis en évidence deux aspects essentiels. En premier lieu : la réponse à la question sur Dieu est certaine, mais elle n’est jamais définitive. En second lieu : Dieu est toujours et partout « voilé » et « dévoilé », « caché » en toute chose et « manifesté » par toutes les choses. Donc, la demande sur Dieu sera toujours nécessaire et actuelle, parce qu’il ne s’agit pas d’une idée abstraite, mais d’un « Etre réel ». La réponse à cette question ne consiste pas seulement dans l’acceptation d’une « vérité conceptuelle », mais dans une rencontre entre « personnes vivantes ». Les choses, en effet, sont opaques et muettes. C’est la raison humaine qui pénètre dans la lumière, qui est « voilée » dans l’opacité de la matière et donne voix aux objets inanimés.

La « clef de voûte » de tout le savoir

Chacun de nous veut trouver et parcourir son chemin pour arriver à donner une réponse au problème fondamental : quel est sa place dans l’univers et, donc, quelle est sa relation, nécessaire ou impossible, avec l’Etre nécessaire et aimant. A mon avis, donc, le Pape affirme que l’existence de Dieu est la « clef de voûte » de tout le savoir, de toute culture et pas seulement la conclusion d’une recherche philosophique. Après Descartes et, si j’ai bien compris, selon le Pape, le chemin moderne de la raison n’est plus du fini à l’Infini, mais de l’Infini au fini. Par conséquence la recherche de Dieu ne se présente pas comme un problème qui concerne seulement les croyants, mais tous les hommes. En effet, la réponse à la demande sur Dieu conditionne et, à son tour, est conditionnée par la réponse à la question incontournable que l’homme fait à soi-même sur soi-même.

Les paroles de la vie éternelle

La certitude que Dieu existe n’est pas seulement un patrimoine de vérités, constitué une fois pour toutes, qu’une génération donne à la suivante, mais la phase conclusive de la réponse à l’appel personnel de se servir de la liberté, de rechercher et de parier sur l’Infini, que l’on peut rencontrer et aimer, en l’écoutant, c’est à dire en lui obéissant. En effet, obéir signifie se mettre et rester à l’écoute de l’Homme-Dieu, parce que Lui seul a les paroles de la vie éternelle, seul le Christ a des paroles qui donnent sens (culture) à la vie, qui parlent de la vie d’une façon raisonnable, d’une manière qui comble le cœur.

Recueilli par Anita S. Bourdin



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