Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 25 avril 2024 - Saint Marc
Vous êtes ici: Discerner sa vocation » Frère Thierry-Dominique Humbrecht : se poser les bonnes questions avec courage
 

Analyses

Frère Thierry-Dominique Humbrecht : se poser les bonnes questions avec courage

Garçon ou fille, vous cherchez votre vocation, mais plusieurs se présentent, parfois trop, parfois aucune. Peut-être avez-vous connu des échecs ou des changements d’orientation ; sans doute partez-vous confiants en votre intuition, mais peu avertis... Frère Thierry-Dominique Humbrecht vient nous secouer, dans son style direct et alerte, afin de nous aider à construire en profondeur et à prendre nos responsabilités. Il en profite pour rappeler ce faisant que notre témoignage de vie ne suffit pas et qu’il nous est clairement demandé d’être apôtre ; que la croix n’est pas une option dans la vie d’un chrétien ; qu’il n’est pas besoin d’attendre que le Ciel nous tombe sur la tête pour envisager l’option de la vie consacrée... Interview.

Se poser la question de la vocation pourrait paradoxalement devenir une forme de nombrilisme et couper des autres, ou encore une recherche inconsciente d’un bien-être individuel. Elargir son coeur et prendre conscience de ces dimensions : une priorité pour un jeune ?

Certainement, il faut s’occuper d’autre chose que de soi, se demander quels sont les besoins de l’Église et, plus encore, quelle est l’invitation du Christ. Car toute vocation est inscrite dans le coeur de Dieu, dans le coeur de l’Eglise et a en outre une dimension sociale ! Le piège est de tout rapporter à soi, au lieu de se rendre disponible pour le Christ et l’Église. Ma vocation n’est pas mon cocon ; même la famille peut devenir un cocon...

« Que vais-je faire de ma vie ? » se demande-t-on souvent. La question de la vocation devrait plutôt se formuler ainsi : « Seigneur, que veux-tu faire de ma vie ? Comment veux-tu me rendre saint ? De quelle façon veux-tu me voir contribuer à la sainteté des autres ? »

Plutôt que d’attendre des signes... vous proposez un chemin très concret. Lequel ?Ce que l’on entend généralement par signes, aujourd’hui, est une intervention divine qui me dise ce que je dois être et faire. Concrètement : « je me donne à Dieu si les signes arrivent, sinon, hop ! je me marie ».

Plutôt que d’attendre des signes, cultive le désir de te donner ; si tu te donnes, les signes viendront, qui seront ton désir de te donner de telle façon. Les signes ne sont pas des interventions magiques de Dieu, mais sa présence que tu lis dans certains événements qui t’arrive. Cela s’appelle interpréter ou discerner, c’est-à-dire apprendre à lire les événements. Discerner par soi-même et poser des actes, autrement dit prendre ses responsabilités.

Bien sûr, on ne prie jamais assez, mais la prière, la confiance en Dieu et l’abandon en la Providence ne sont pas un substitut de lucidité et de courage. Il faut oser s’engager pour Dieu, se mouiller, et être fidèle à son choix.

Vous écrivez que le XXIe siècle sera celui de la vie consacrée. Qu’entendez-vous par là ? Je crois qu’il faut dès aujourd’hui approfondir à nouveau ce qu’est la vie consacrée et la vie religieuse, trop négligées aujourd’hui.

Se consacrer, c’est se donner et donc se perdre. C’est renoncer à se marier par amour du Christ. On ne peut pas tout vivre à la fois. Par la pauvreté, nous donnons notre capacité de posséder ; par la chasteté, nous donnons notre capacité d’aimer ; par l’obéissance, nous donnons notre capacité de vouloir, notre liberté même. Les ingrédients sont à peu près les mêmes pour toute vie consacrée. Religieux et laïcs ont la même finalité -la sainteté- avec des moyens différents. Les religieux donnent à Dieu leur personne, selon le programme de sainteté de leur baptême, mais avec des moyens radicaux : ils donnent tout, pour toujours et ils ne donnent pas seulement leurs biens mais leur capacité à en acquérir.

Les monastères et les religieux de toutes sortes sont là pour rappeler aux chrétiens que le seul absolu de l’Amour, c’est le Christ.

La vocation commune à la sainteté "appelle un sacrifice, un don de soi jusqu’à la croix, à l’image de celui du Christ". A une société versée dans l’hédonisme, on pourrait trouver meilleur argument marketing... En effet, et même à nos jeunes, si tentés par cet hédonisme. Prenez garde à ne pas devenir aussi endormis par la vie facile que les autres ! C’est simple, cela s’apprend très tôt : ne penser qu’à sa carrière, aux sorties et autres soirées, aux fringues, aux loisirs, au sport, aux amours d’un soir. Le Christ n’a déjà plus sa place, puisqu’il ne lui reste que la dernière, une heure par semaine à peine. Si vous en êtes là, vous ne dérangez plus le diable ; il peut compter sur votre silence.

Se donner, c’est se dépenser, se fatiguer pour autrui, se perdre, se laisser crucifier par le Christ. Il n’est peut-être pas si fréquent que l’on dise non à Dieu en face. Il est courant, en revanche, de tout faire pour ne jamais avoir à lui dire oui.

Combien aujourd’hui ne reçoivent pas d’invitation à rencontrer Dieu, faute de témoins. Vous encouragez donc à parler explicitement du Christ à notre entourage. Le témoignage de notre vie ne suffit-il pas ? Le témoignage de quoi ? Si c’est de votre vie, elle n’intéresse personne d’autre que vous. Si c’est du Christ, il intéresse tout le monde, à condition de parler de lui, de parler, de parler ! L’exemple est muet quand il ne parle pas : personne ne comprend. Il faut instruire et convertir, prêcher le salut. Occupe-toi des autres ! Ils sont appelés, eux aussi, à être sauvés et ils ignorent le Christ. Sans toi, ils ne le rencontreront peut-être jamais. Tu es pour eux une occasion -peut-être la seule qu’ils auront !- de rencontrer un chrétien qui aime Jésus au point d’en vivre et d’en parler. Tu es pour eux le visage du Christ. Tant pis si tu bafouilles, quelle importance ? Moïse était bègue !

Ce n’est pas vous que vous annoncez, c’est le Christ. Il faut que le message soit clair. Soyez brûlants d’amour pour le Christ et, à cause du Christ, d’amour pour l’âme de vos amis. Choisissez des métiers d’apôtres, annoncez un amour qui n’est pas qu’humain, qui va jusqu’à la croix et la résurrection !

Propos recueillis par Stéphanie Combe



Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales