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Homélie
» mardi, 6ème semaine du temps ordinaire
Vie Chrétiennemardi, 6ème semaine du temps ordinaireLes disciples ont oublié de prendre du pain… Jésus, qui vient de laisser sur la rive des pharisiens mal intentionnés, tente de les soustraire à ces vaines préoccupations, et les prévient contre le levain, symbole de la corruption, des pharisiens et d’Hérode. Le levain est un ferment actif, c’est-à-dire que les projets funestes des ennemis de Jésus suivent leur cours de visent également les disciples. Mais, à considérer que la parole de Jésus ait été entendue, elle n’a fait que renforcer le souci des disciples pour des questions matérielles, le levain évoquant le pain qu’ils n’ont pas pensé à acheter et qui va bientôt manifester douloureusement son absence. Combien plus douloureux pour Jésus est l’entêtement de ses apôtres ! Il leur manque la foi. C’est le sens des versets du prophète Jérémie que cite Jésus : « Avec leurs yeux, ils ne voient rien ; avec leurs oreilles, ils n’entendent rien ». La profondeur de la Parole et de l’action de Jésus échappe totalement aux disciples. Comment est-il possible qu’en vivant si près de lui, en partageant son intimité, en recevant directement de lui l’explication de la grandeur du projet de Dieu sur son peuple, comment est-il possible qu’ils ne comprennent pas ? Comment est-il possible qu’en étant instruits de la richesse du trésor de l’Eglise, en nous approchant régulièrement de l’autel du Sacrifice, en recevant de nos pères l’explicitation de la grandeur de notre foi, comment est-il possible que nous doutions encore de l’implication immédiate et réelle de notre quotidien dans notre destinée surnaturelle ? Le reproche de Jésus nous est fait à nous comme aux disciples. Ne voyons-nous pas ? Avons-nous oublié ? Par ces deux questions de Jésus espère nous réveiller. Depuis le jour de notre baptême, nous avons reçu l’Esprit Saint qui a bouleversé notre regard. Par lui, nous pouvons discerner dans l’Hostie consacrée la présence de notre Dieu. En nous approchant de la table de la Parole, nous avons entendu l’enseignement de notre Maître, qui nous a assuré qu’il était avec nous jusqu’à la fin des temps. Que nous faut-il de plus ? Qu’avons-nous à nous inquiéter encore pour ce qui n’est finalement que second. « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pain ? » demande Jésus. Que nous ayons failli à notre devoir ou à quel tache, aussi importante et nécessaire soit-elle, ne nous est pas reproché par Jésus. Ce dont il souffre, c’est de constater que nous nous lamentons sur nous-mêmes comme si nous ne pouvions compter que sur nous, sur nos propres forces, pour nous tirer d’affaire. Notre Seigneur, qui s’est livré pour nous, qui a donné sa vie pour que vivions de la sienne, n’est-il donc pas concerné ? Ne peut-il donc rien pour nous ? Jésus est celui qui a donné du pain pour cinq mille hommes ; et il est resté douze paniers. Il a encore rompu le pain pour quatre mille hommes ; et il est resté sept paniers pleins. Le contraste est frappant. Il suggère que même s’il était possible d’en rester au signe, nous ne devrions pas prendre confiance en Jésus. Lui qui nourrit les foules, peut nourrir douze disciples. Penser ainsi n’est même pas entrer dans l’ordre de la foi, c’est une simple logique humaine. Faut-il que nos yeux vraiment fermés, faut-il que nos oreilles soient vraiment bouchées pour ne pas en prendre conscience. « Vous ne comprenez pas encore ? » La question de Jésus résonne comme une invitation. Vous avez la foi, suggère-t-il, raisonnez selon ce que vous enseigne votre foi. Votre foi dit que Dieu est bon, qu’il est Père. Placez votre confiance en lui, en toutes circonstances. Alors ouvrons nos yeux qu’il a éclairé de la lumière de son Esprit, ouvrons nos oreilles que l’Esprit de Vérité a préparées à entendre la Parole, ouvrons nos cœurs à la Présence aimante de celui qui brûle de remplir la vacuité de nos quotidiens. Ne nous préoccupons que de l’essentiel, vivre dans l’Esprit, et tout le reste, notre Seigneur s’en chargera par surcroît. Souviens-toi ! Ecoute, Israël ! |