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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Analyses

Regards sur l’amour selon Benoit XVI

L’Osservatore Romano, journal semi officiel du Vatican, consacre une série d’articles au thème de la charité chrétienne, sous la forme de réflexions au sujet de l’encyclique de Benoît XVI, Deus Caritas est.

La série s’est ouverte le 10 mai dernier sous la plume du Cardinal Renato Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix : “La Vérité rassemble les hommes car elle les libère de leurs opinions particulières ; l’Amour attire les hommes à soi car il leur permet de surmonter leurs égoïsmes particuliers ». Et le Cardinal d’ajouter : « Le Christianisme proclame que la Vérité est l’Amour ».

C’est pourquoi le Christianisme est la religion de la communauté et de l’unité du genre humain ; c’est là que réside le message central de l’encyclique.

Accepter le message que Dieu est Amour fournit un socle sur lequel les hommes puissent bâtir en commun, surmonter leurs différences et se libérer d’eux-mêmes. L’amour de Dieu non seulement nous dévoile à nos yeux notre propre dignité mais nous révèle que tous les hommes possèdent cette même dignité d’enfants de Dieu.
La société humaine ne procède pas de la lutte pour la reconnaissance mutuelle mais naît au contraire de l’expérience de l’Amour, qui nous pousse à aimer autrui.

Du reste, le principal apport de l’Eglise à l’humanité réside dans la charité. Elle irradie notamment la famille et le mariage, les rapports entre les nations et le combat contre la pauvreté.

Une valeur fondamentale

Le 13 mai, Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix s’est penché sur les rapports entre l’enseignement social de l’Eglise et la charité. Il rappelle la pertinence de la première encyclique sociale, Rerum Novarum, qui s’achève sur un hymne à la charité.

Tout l’enseignement social de l’Eglise “peut et doit être vu comme un témoignage de la charité chrétienne” souligne Mgr Crepaldi. Cela vaut de même pour la morale chrétienne qui repose sur la charité. La charité, comprise en ce sens, n’est pas une simple arrière-pensée mais une source qui infuse toute la vie chrétienne.

La charité joue aussi un rôle important dans ses rapports avec la justice. La charité n’a pas vocation à supplanter la justice mais plutôt à l’épurer. « L’amour ne se substitue pas à la justice mais lui permet pour ainsi dire de mieux respirer et de laisser à la justice le soin de jouer son propre rôle sans courir le risque de se substituer à elle. »

Le 24 mai, ce fut au tour de Mgr Rino Fisichella, l’un des évêques auxiliaires de Rome, de s’exprimer au sujet de l’Encyclique. « La vérité, qu’exprime l’amour chrétien s’oppose à la tendance contemporaine de dérive vers le relativisme. »

Mgr Fisichella rappelle que Benoît XVI remarque, à propos de l’encyclique, que l’Amour divin soulève en nous des questions fondamentales quant à l’identité de Dieu et quant à la nôtre. La société moderne court le risque de se tromper sur la nature même de l’amour, avec des conséquences importantes sur la façon dont nous menons notre vie. Un des risques consiste à réduire l’amour à sa dimension purement émotive alors que l’amour, souligne l’encyclique, ne consiste pas uniquement de sentiments passagers.
Une autre erreur consiste à ne voir dans l’amour qu’une passion, une passion érotique. Cette approche mène à une fuite face aux responsabilités et réduit l’amour à une pulsion instinctive. Les sentiments et la passion même font certes partie de l’amour mais n’en forment qu’une partie seulement, selon Mgr Fisichella.

L’erreur du relativisme

Sous ces deux erreurs quant à la conception de l’amour, s’en cache une autre, plus insidieuse, le relativisme. Cette attitude se drape souvent sous des expressions de respect pour autrui et s’exprime sous les mots de « tolérance », « dialogue » et « liberté ». En réalité le relativisme mine la notion même de vérité. Plutôt que de fournir une explication des mystères de l’existence de l’homme et du monde, le relativisme conduit à entretenir un état de doute permanent.
« Deus Caritas est » ne s’attaque pas explicitement au thème du relativisme ; cependant l’encyclique, souligne Mgr Fisichella s’en prend aux erreurs que cette nouvelle idéologie véhicule. Par exemple, l’encyclique proclame l’unité de la personne humaine, unité de corps et d’âme, qui ne permet pas de réduire l’amour à la seule expression de sentiments.

Le christianisme révèle, dans le sacrifice du Christ sur la croix, une autre dimension de l’amour. Dans ce sacrifice, l’amour devient expression du don de soi et sa propre vie même. La liberté ne naît donc pas d’un quelconque droit que chacun de nous peut opposer aux autres et imposer à la société ; au contraire, la liberté ne trouve son plein épanouissement que lorsqu’elle renonce à ses propres droits et exprime l’offrande de l’amour face aux besoins d’autrui.

Ce don de l’amour du prochain, souligne Mgr Fisichella, n’est possible que si nous évitons l’écueil de l’égoïsme ; et nous ne pouvons éviter l’égoïsme que si nous connaissons la vérité à notre propos et à propos d’autrui.

La sphère publique

Se penchant maintenant sur les rapports de l’Eglise avec l’ordre politique, le Cardinal Angelo Scola s’est livré à des réflexions sur le rôle de la charité dans la construction d’un ordre social juste. Dans son commentaire, publié le 7 juin, le patriarche de Venise écrit que les pays développés pourraient être tentés par la construction de systèmes de gouvernement et d’organisations réputés si parfaits qu’ils dispensent l’homme de réfléchir à sa propre moralité.
Dans son encyclique, le pape nous met en garde contre “un ordre de l’Etat si juste qu’il dispense du service de l’amour” (n° 28). La politique, activité humaine, doit être purifiée par une rencontre avec le Christ et c’est pourquoi l’Eglise a un rôle à jouer dans son soutien à l’activité politique sans toutefois vouloir se substituer à celui de l’Etat.

Ce rôle se déploie de multiples façons, à travers l’enseignement, l’exemple et le travail des chrétiens dans leur vie quotidienne et à travers les institutions caritatives de l’Eglise.

La charité joue également son rôle évangélisateur, explique Mgr Paul Cordes, président du Conseil pontifical Cor Unum, dans un article publié mercredi 13 juin.

Prendre conscience de toutes les implications du fait que « Dieu est Amour » nous conduit au cœur de la foi et nous révèle la vérité et la splendeur du Tout-puissant, écrit Mgr Cordes. Cette prise de conscience nous amène à faire part de ce divin message à nos prochains et c’est ce faire-part qui fait du messager un apôtre.
Chaque chrétien, rappelle Mgr Cordes, est tenu de venir en aide à autrui et de répandre le message évangélique. Et bien qu’il soit vital de répondre aux besoins matériels, les besoins essentiels de l’homme sont d’ordre spirituel. Les racines les plus profondes du malheur et des souffrances de l’homme naissent de la séparation d’avec Dieu et du besoin d’être pardonné et aimé.
C’est pourquoi chacun de nous est appelé à rendre témoignage de l’amour que Jésus a pour tout homme, écrit l’archevêque. De cette manière tout acte de charité devient un témoignage de foi. Bien plus, la foi ne peut demeurer si elle n’est transmise par les bonnes œuvres. La foi, à la vérité, est le fondement des œuvres de charité.



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