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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
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Analyses

La sainteté des enfants

Qui n’a pas entendu parler de la béatification à Rome de 498 martyrs espagnols ? En réalité, énoncée ainsi, la nouvelle n’est pas tout à fait exacte, puisque de ces héros des temps modernes, tous n’étaient pas espagnols... En effet, durant cette magnifique cérémonie de béatification - la plus grande de toute l’histoire de l’Église - présidée par le Cardinal José Saraiva Martins , deux religieux français ont été élevés à la gloire des autels, après avoir courageusement versé leur sang pour leur foi. Mais nous en parlerons un peu plus loin...

Ce même jour, dimanche 28 octobre, à Paray-le-Monial, avait lieu un colloque national sur le thème « Enfance et Sainteté » . En tête de la liste des hommes d’Église qui patronnent la rencontre, c’est encore le Cardinal Saraiva Martins. Coïncidence ? On peut difficilement le croire. Celui qui est en charge dans l’Église Catholique de toutes les causes de béatification et de canonisation, sait bien que parmi les enfants et les jeunes se sont levés et se lèvent encore aujourd’hui de nombreux saints.

Il faut savoir en effet que parmi les 498 martyrs qui ont été béatifiés, huit avaient entre 16 et 19 ans ! Plus de 140 autres n’avaient pas encore trente ans... Cela nous rappelle que oui, Dieu appelle les jeunes à la sainteté ! Le Père J.-M. Guilmard, moine de Solesmes et vice-président de l’Association « Enfance et Sainteté », commente : « La plupart du temps, on sait bien que les enfants doivent être préparés à la sainteté, mais souvent on pense implicitement que celle-ci ne sera atteinte qu’à l’âge adulte. »

La béatification de ces martyrs nous montre qu’il n’en est pas ainsi. Les enfants sont appelés, non seulement à devenir saints, mais à être saints ! Le Père Guilmard continue : « Dieu a mis dans le cœur des enfants sa grâce et nous avons le devoir de la faire fructifier sans attendre ». C’est certainement ce qu’avaient compris les parents de Joseph-Louis Marcou et Joseph Henri Chamayou, lorsqu’ils leur donnèrent l’opportunité de rejoindre le petit séminaire des Frères de La Salle, alors qu’ils étaient encore de jeunes garçons de 13 ans.

Qui sont ils ? Joseph-Louis Marcou et Joseph Henri Chamayou sont nés en France, dans le diocèse d’Albi, respectivement en 1881 et 1884. À l’âge de 13 ans, ces deux adolescents sentent déjà dans leur cœur l’appel de Jésus et le désir de Lui consacrer leurs vies. Leur rêve se fait réalité grâce à la générosité de leurs parents qui, devant la persévérance et la maturité du choix de leurs fils, les autorisent à continuer leurs études au petit séminaire des Frères de La Salle. C’est dans cette ambiance de vraie liberté intérieure et de vie chrétienne que les deux enfants pourront faire grandir l’appel du Seigneur. À 16 ans, les deux garçons décident de continuer sur le chemin de la vie religieuse, en entrant au noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes, où ils complètent leur formation. Ils passeront alors une bonne partie de leur ministère apostolique en France, puis en Espagne où le besoin d’évangéliser devient de plus en plus pressant. Tous deux sont assassinés durant l’été 1936, alors qu’ils se donnaient sans trêve à l’exercice de la charité. Et ce sont ces deux religieux qui dimanche dernier, sont entrés dans la foule immense des saints et bienheureux ! Deux nouveaux intercesseurs pour la France ! Voilà que la petite semence de la grâce de Dieu, protégée depuis l’enfance, a grandi et mûri, donnant du fruit le plus beau : la sainteté...

La grâce que Dieu met dans le cœur des enfants, et encore plus l’appel à Le suivre totalement dans la vie consacrée, sont des trésors que le monde moderne ne peut supporter et se complait à souiller (comment en douter lorsqu’on découvre par exemple l’exposition pour enfants intitulée « Le zizi sexuel » qui se déroule actuellement à la cité des sciences de Paris, et qui étale ouvertement toutes les perversités sexuelles des adultes, devant un public que le Ministère de la Santé cible toujours plus jeune : les 9-14 ans !) . Il est du devoir des parents de faire tout ce qu’ils peuvent pour protéger leurs enfants et les aider à grandir sainement, c’est-à-dire saintement, à l’exemple de l’enfant Jésus : « en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,52).

Souvent nous jugeons que les décisions des enfants ne sont en réalité que des caprices ou des options éphémères, et c’est pourquoi la plupart du temps nous nous fions davantage de nos syllogismes rationnels qu’à leurs petites voix qui demandent une faveur ou une permission... Et pourtant la vie de Joseph-Louis et de Joseph Henri nous montre que la décision qu’un enfant peut faire à 13 ans peut-être bien plus profonde qu’on imagine... Le sang qu’ils versèrent pour leur foi, cet été de 1936, ils l’avaient déjà « versé » bien des années auparavant, quand à l’appel de Jésus, ils décidèrent de dire OUI. Cette vie qu’ils allaient offrir par le martyr, ils l’avaient déjà donnée au printemps de leur vie, avec cette générosité si merveilleuse qu’ont les enfants. Et dans ce sens, leur chemin de sainteté, ils l’avaient déjà entrepris avec une grande maturité, dans leur adolescence. Comme le rappelle le Père Guilmard : « ils sont nombreux les enfants exemplaires qui attestent que la sainteté est possible dès l’âge le plus tendre : Nelly Organ en Irlande, Antonietta Meo à Rome, Camille Paris en France, les bienheureux Jacinthe et Francisco au Portugal, la bienheureuse Laura Vicuna en Amérique du sud, et jadis le jeune roi saint Louis... ». La liste serait longue à faire, mais il suffit de lire quelques vies de saints pour se rendre compte du nombre étonnant de saintes, de saints et de bienheureux qui dès leur enfance choisirent de suivre Jésus... Parmi eux, quelques figures emblématiques : Saint Dominique Savio, entré au petit séminaire à 12 ans ; Saint Maximilien Kolbe, à 13 ans ; Saint Padre Pio, à 15 ans ; Sainte Thérèse de Lisieux, à 15 ans, Bienheureux Jean XXIII, à 12 ans...

Il ne serait pas juste d’achever ces lignes de gratitude envers tous ces enfants qui nous ont montré - et continuent de nous montrer - le chemin de la sainteté, sans remercier aussi leurs parents. En effet, si ces jeunes enfants ont pu préserver et faire grandir la grâce de Dieu en eux, c’est aussi bien souvent le mérite de leurs parents, qui ont eu suffisamment de foi et de confiance pour leur permettre de suivre Jésus, dès qu’ils en entendirent la voix au fond de leur cœur.


Vianney Châtillon



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