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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Analyses

Dom Lécuru : Epoux chrétiens, signes de Dieu pour leurs enfants

Transmettre la foi en famille, c’est du concret et une réalité quotidienne. Sceptiques ? C’est qu’il s’agit auparavant, pour les parents, de prendre conscience des bienfaits qu’eux-mêmes ont reçus de Dieu, à commencer par leur identité d’époux, de parents, leur vocation de père et de mère et, en définitive, leur mission d’évangélisateurs. Frère hôtelier à l’abbaye Saint-Wandrille, Dom Lécuru montre aux parents chrétiens comment être ces « signes de l’Evangile », condition essentielle de la transmission de la foi en famille.

Alors que tant de personnes maudissent la différence homme-femme, source d’incompréhensions et parfois de rupture, vous la bénissez. En quoi est-elle cette “condition de l’unité” que vous évoquez ?

La différence homme-femme est intrinsèque au genre humain. Elle n’est pas un produit de la culture, mais une réalité de la nature. La suspicion qui pèse actuellement sur elle au nom d’une idéologie visant à définir l’être humain indépendamment du fait qu’il soit homme ou femme récuse cette réalité fondamentale. Déclarer secondaire, voire caduque la différence sexuelle pour fonder le lien conjugal, puis familial, relève d’un contresens humain qui ne peut être sans conséquences psychologiques pour les membres d’une société qui inscrit cette confusion dans ses lois.

La famille est fondée sur le lien hétérosexuel et monogamique, affirmé publiquement, ouvert à la vie et à l’éducation des enfants. En dehors de cela, il s’agit d’autre chose. De la conscience conjugale des époux et des obligations morales et sociales qui en découlent, dépend l’unité des membres de la famille, époux, parents et enfants. Unité ne veut pas dire fusion, mais le fait que les parents ont mission d’être ensemble père et mère. Tout enfant a besoin de parents qui soient époux l’un de l’autre et s’aiment d’un amour fidèle. La conjugalité précède la parentalité, du moins en principe. Dans la famille, l’altérité des rôles est naturelle. C’est elle qui inspire les savoir-êtres à l’origine d’une culture. Le père est le garant de la loi, il indique ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. À ses côtés, la mère incarne la tendresse et le pardon. Lorsque l’enfant a transgressé un interdit et que cela lui a été signifié par l’intervention du père, elle est celle qui pardonne : “Mon enfant, Papa a eu raison de te gronder, mais sache que tu es aimé et pardonné”.

“Le lien du mariage enrichit la société tout entière, en transmettant les valeurs de fidélité, de confiance et de stabilité sans lesquelles aucune vie sociale n’est sûre.” On n’a pas toujours conscience de cet engagement social lorsque l’on parle du mariage aujourd’hui...

Fonder sa vie sur un oui conjugal exige un engagement de la personne tout entière. Seul un lien vraiment solide, tendu vers la fidélité, correspond à la nature du couple humain. Il est conforme à la dignité de la personne humaine de se donner totalement, aujourd’hui et demain, sans rien se réserver en vue d’un éventuel retour en arrière. Cet acte ne saurait reposer sur la fantaisie ou l’incertain. Une chose est de faire face aux épreuves de la fidélité, une autre de proposer des modèles marginaux dont l’expérience montre qu’ils sont au détriment de la société.

L’acte fondateur du couple et de la famille porte assez de sens pour aider époux et parents à faire face aux difficultés de la vie, à l’éducation et à la transmission des vertus familiales. Celui qui se marie s’engage dans une histoire pleine d’évolutions. Il lui faut mûrir par des étapes successives, les siennes, celles de son conjoint, celles de ses enfants, pour parvenir à la plénitude de son identité et de sa vocation. Ce qui remplit une existence ce n’est pas le chemin de la facilité, mais de se donner dans un acte de confiance mutuelle et exclusive, ouvert à la fidélité et à la conversion.

Vous proposez aux parents de se placer à l’école de... la Règle de Saint Benoît. Une option pour la moins originale ! Comment cette règle monastique peut-elle paradoxalement aider les parents à transmettre la foi à leurs enfants ?

La transmission de la foi est un enjeu ecclésial qui dépasse le cadre de la famille. Beaucoup de parents fréquentent nos communautés monastiques, dépositaires à leurs yeux du riche patrimoine évangélique qui firent des moines de grands civilisateurs. Ces pères et ses mères nous font part du désir qui les habite de transmettre à leurs enfants la foi de l’Église, mais aussi des contradictions que leur oppose la société. Bien des affinités existent entre eux et nous.

La vie communautaire réglée par saint Benoît et la vie familiale fondée sur l’alliance d’un homme et d’une femme, reposent sur des principes communs inspirés de l’Évangile. Ils s’enracinent dans la vocation baptismale de chacun, quel que soit son état de vie. À l’heure où la famille souffre de multiples contre-définitions, les valeurs de vie que saint Benoît expose dans sa Règle, telles que le don de soi, la prière, la fidélité, le respect mutuel, l’exercice et le sens de l’autorité, les relations entre les générations en font vraiment des repères pour notre temps auxquels beaucoup de pères et de mères sont sensibles.

“En raison de leur alliance, les époux sont consacrés plus pleinement à la mission de l’Église d’annoncer la Bonne Nouvelle”. Époux et éducateurs, premiers évangélisateurs ?

Le mariage humain est une vocation naturelle, mais revêtue des exigences surnaturelles de la charité, en vertu de l’alliance du Christ et de l’Église. Autrement dit, la première expérience du Christ et de l’Église que fait un enfant est celle de l’alliance de fidélité et d’amour de ses parents. La transmission de la foi en famille suppose cet accord profond entre la foi chrétienne et la vie conjugale. Elle consiste à décliner dans la famille les vertus d’alliance, de fidélité, de tendresse, de don et de pardon qui, par analogie, révèlent l’alliance, la fidélité, la tendresse, le don et le pardon de Dieu pour les hommes. Pour ces raisons, on peut dire que la famille est la plus petite unité apostolique.

De la conscience conjugale et sacramentelle des époux dépend cette évangélisation par la famille et à l’intérieur de la famille. De même que le prêtre est alter Christus, un “autre Christ”, de même par analogie, la famille est altera Ecclesia, une “autre Église”. Les épithètes une, sainte, catholique et apostolique qui définissent la nature de l’Église s’appliquent d’une certaine façon à la famille, fondée sur l’alliance sacramentelle du mariage. Tout ce nous disons de l’Église a un sens pour la famille et révèle l’étendue de sa mission.



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