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 - 26 mars 2024 - St Ludger
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Analyses

“L’Église est contre l’idéologie écologiste”

“L’Église n’a jamais avalisé les formes radicales et idéologiques de l’écologisme, pour deux raisons. D’abord, parce qu’elles subordonnent l’homme à une prétendue centralité de la nature. Ensuite, certaines formes radicales d’écologisme risquent de bloquer le développement, et surtout de remettre en cause le droit au développement des pays pauvres”. C’est ce qu’affirme Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix dans un entretien accordé à l’agence Fides.

Fides. - Le débat sur les changements climatiques semble être envahi par les thèses catastrophistes. Quelle est la position du Conseil pontifical Justice et Paix sur cet aspect du problème ?

Mgr Crepaldi.- Le Conseil pontifical Justice et Paix a organisé il y a un an un séminaire international d’études sur les changements climatiques, dans le but d’approfondir cette problématique et d’en évaluer les implications éthiques et culturelles. Les travaux de ce séminaire ont permis de prendre acte effectivement que le débat sur les changements climatiques s’est polarisé autour de deux positions alternatives, qui soutiennent des thèses différentes et en contrepoint. En résumant, on peut dire que tous s’accordent sur la réalité des changements climatiques, le désaccord portant sur l’interprétation ou la recherche de la cause des changements climatiques.

Pour les uns, où se trouve la fine fleur du monde scientifique, dont les positions aujourd’hui sont indubitablement dominantes, la cause des changements climatiques est attribuée aux activités humaines, surtout industrielles ; l’autre école - qui a moins de visibilité et qui est moins aguerrie - soutient que l’homme pèse marginalement sur les changements climatiques et que la cause est imputable aux cycles naturels du réchauffement et du refroidissement de l’atmosphère. Le Conseil pontifical Justice et Paix a pris acte de ce débat et se réserve de proposer, dans un futur proche, des clés de discernement.

Les documents produits par les organismes des Nations-unies, notamment, soutiennent que l’homme est responsable du soi-disant "réchauffement global" et exaltent, comme certains écologismes, le rôle de la nature. Quels sont les risques de cette vision de la réalité ?

Le risque pour tout travail scientifique, surtout sur les questions d’environnement - parce que celles-ci concernent vraiment la vie quotidienne des personnes - est d’être utilisé non à des fins strictement scientifiques, mais dans une perspective idéologique. Je ne crois pas que ce soit l’intention des scientifiques concernés, mais il est indéniable qu’il existe des mouvements, culturels et politiques, qui utilisent les recherches scientifiques de manière instrumentale et idéologique. Avec de sérieuses conséquences.

La doctrine sociale de l’Église n’a jamais avalisé ces formes radicales et idéologiques d’écologisme, pour deux raisons. Avant tout, parce que celles-ci subordonnent l’homme à une prétendue centralité de la nature ; dans cette perspective, tout, l’homme compris, doit tourner autour de la nature, considérée comme le centre vers lequel tout doit converger. La seconde raison est que certaines formes radicales d’écologisme risquent de bloquer le développement, et surtout de remettre en cause le droit au développement des pays pauvres.

Ceci est une question très sérieuse aujourd’hui. Il faut donc toujours distinguer entre travail scientifique et exploitation idéologique du travail scientifique, autrement on risque d’aboutir à une vision de l’homme et de la nature qui se révèle contre l’homme et contre la nature.

Faut-il retenir de cela que dans le monde, se construit un véritable "business écologique", soutenu par des politiques qui entendent limiter le développement des pays les plus pauvres ?

Il faut poser un préalable, qui concerne la responsabilité de la politique, qui doit faire preuve de discernement et être libre de tous conditionnements à caractère idéologique, notamment à l’égard des affaires d’autrui, surtout de la part des pays développés ; il suffit de penser à la question des déchets. Le risque est réel que la sauvegarde de la création soit abordée en termes de business, et uniquement dans ces termes, avec le lancement ou la gestion d’affaires qui n’ont rien à faire avec la sauvegarde de l’environnement, mais qui sont liés à une économie à caractère mafieux.

Sur le plan international, en revanche, il est nécessaire, aujourd’hui, d’obtenir une gouvernance plus efficace, et efficace sur les questions d’environnement, afin que les institutions internationales compétentes soient en mesure de donner aux États et à la communauté internationale un cadre sage et équilibré d’orientations sur ces questions. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Saint-Siège formule cette demande. La doctrine sociale de l’Église, en demandant à reformuler un droit à un environnement sain, relie toujours ce droit à la dimension institutionnelle et juridique qui engage tous les États et la communauté internationale.

Le Saint-Père Benoît XVI invite à promouvoir des "styles de vie, des modèles de production et de consommation caractérisés par le respect de la création et les exigences réelles du progrès durable des peuples, en tenant compte de la destination universelle des biens". Pouvez-vous expliquer, en particulier, ce qu’entend la doctrine sociale de l’Église par "progrès durable" dans un monde globalisé ?

Le Saint-Père est intervenu sur les questions d’environnement de différentes manières. La référence au magistère du Saint-Père est constituée par deux mots importants de la Sainte Écriture : l’homme est appelé d’une part à garder la Terre, et de l’autre à la cultiver. Ces deux verbes disent qu’il est d’un côté inacceptable d’exploiter inconsidérément les ressources de la terre et, de l’autre, que la Terre est un bien donné par Dieu à l’homme pour être cultivée et cultivée au mieux de ses possibilités. Autrement dit, cultiver les ressources de la terre avec un esprit d’équité et de solidarité, parce que les biens de la Terre ont une valeur et une valeur universelle. Ceci comprend aussi la bataille contre les pauvretés, les inégalités. Les biens de la Terre ne peuvent pas être un objet d’accaparement de la part d’une petite portion de l’humanité, mais doivent être employés dans une perspective de solidarité.

Il est nécessaire d’ajouter que si le développement est authentique, il ne peut pas ne pas être durable. À travers la capacité des hommes, des peuples, le développement doit certainement satisfaire les besoins des générations présentes, sans cependant compromettre la satisfaction des besoins des générations futures. Donc, la culture des biens de la Terre doit être responsable, dans le sens qu’elle ne se limite pas à satisfaire les besoins des générations d’aujourd’hui, mais tient compte des exigences des générations futures. Ceci est le concept de développement durable présent dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Église, publié il y à deux ans par le Conseil pontifical Justice et Paix.


© Fides. Traduction française Libertepolitique.com. Source : Svipop (Milan), partenaire de l’AFSP et de la Fondation Europa, avec son aimable autorisation.



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