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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Analyses

Le péché d’impureté dans la société actuelle

Extrait de la première prédication de l’Avent proposée ce le 7 décembre au pape et à la curie romaine, par le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

La semaine dernière Rai Uno a diffusion un spectacle du comique Roberto Benigni qui a enregistré un taux d’écoute extrêmement élevé. Il s’agissait, à certains moments, d’une leçon de très haute communication religieuse, outre la dimension artistique et littéraire, dont nous aurions beaucoup à apprendre, nous prédicateurs : la capacité de faire parler le sentiment de l’éternel chez l’homme, l’émerveillement devant le mystère, l’art, la beauté et le simple fait d’exister.

Malheureusement, sur un point précis, peut-être non prémédité, le comique a lancé un message qui pourrait s’avérer dévastateur pour les jeunes, et qu’il convient de rectifier. Pour appuyer son invitation à ne pas avoir peur des passions, à faire l’expérience du vertige de l’amour également dans son aspect charnel, il a cité la phrase de saint Augustin qui dit à Dieu : « Donne-moi la chasteté et la continence, mais pas encore ». Comme s’il fallait d’abord tout essayer puis, éventuellement quand nous serons vieux et que cela ne nous coûtera plus, pratiquer la chasteté.

Le comique n’a pas dit combien saint Augustin a dû par la suite, se repentir d’avoir fait cette prière lorsqu’il était jeune, et combien de larmes cela lui aura coûté, de s’arracher à l’esclavage de la passion à laquelle il s’était abandonné. Il n’a pas rappelé la prière par laquelle le saint remplacera celle qu’il a citée, une fois la liberté retrouvée : « Tu me commandes d’être chaste ; eh bien, donne-moi ce que tu m’ordonnes et ordonnes-moi ce que tu veux ! »

Je ne crois pas que les jeunes d’aujourd’hui aient besoin d’être encouragés à se « jeter », à « essayer », à rompre les barrières (tout les pousse à se jeter tête baissée dans cette direction avec les résultats tragiques que nous connaissons). Ils ont besoin de personnes qui suscitent en eux des motivations valides, non pas certes pour avoir peur de leur corps et de l’amour, mais au moins pour craindre d’abîmer l’un et l’autre.

Dans le chant de l’Enfer, que le comique a admirablement commenté, Dante fournit l’une de ces motivations profondes, qu’il ne fait toutefois que survoler. Le mal, c’est soumettre la raison à l’instinct, au lieu de soumettre l’instinct à la raison. « J’entendis qu’à ce tourment étaient condamnés les pécheurs charnels, qui soumettent la raison à la convoitise ». La convoitise a sa fonction si elle est soumise à la raison ; dans le cas contraire, elle devient l’ennemie et non l’alliée, de l’amour, conduisant aux délits les plus atroces, dont l’actualité récente nous a fourni des exemples.

Mais venons-en plus directement à nous. La vie spirituelle ne se réduit certes pas uniquement à la chasteté et à la pureté, mais il est certain que sans elles, tout effort dans les autres directions est impossible. Celle-ci est véritablement, comme l’appelle saint Paul dans le texte cité, une « arme de lumière » : une condition pour que la lumière du Christ se diffuse autour de nous et à travers nous.

Aujourd’hui, on a tendance à opposer les péchés contre la pureté et les péchés contre le prochain et l’on tend à considérer comme un vrai péché uniquement le péché contre le prochain ; on ironise parfois sur le culte excessif accordé dans le passé à la « belle vertu ». Ce comportement est en partie explicable ; dans le passé, la morale avait accentué de manière trop unilatérale les péchés de la chair, jusqu’à créer parfois de véritables névroses, au détriment de l’attention aux devoirs envers le prochain et au détriment de la vertu même de pureté qui était ainsi appauvrie et réduite à une vertu presque exclusivement négative, la vertu de savoir dire non.

Mais maintenant on est passé à l’excès inverse et l’on tend à minimiser les péchés contre la pureté, au profit (souvent uniquement verbal) d’une attention au prochain. C’est une illusion de croire pouvoir concilier un authentique service à ses frères, qui demande toujours un sacrifice, de l’altruisme, l’oubli de soi et de la générosité, et une vie personnelle désordonnée, entièrement vouée à son propre plaisir et à satisfaire ses passions. On finit inévitablement par instrumentaliser nos frères, comme on instrumentalise notre corps. Celui qui ne sait pas dire « non » à lui-même, ne sait pas dire « oui » à ses frères.

L’une des « excuses » qui contribuent le plus à favoriser le péché d’impureté, dans la mentalité des personnes, et à le décharger de toute responsabilité, est que, de toute façon, il ne fait de mal à personne, il ne viole pas les droits et la liberté des autres, sauf - dit-on - s’il s’agit de violence charnelle. Mais à part le fait qu’il viole le droit fondamental de Dieu de donner une loi à ses créatures, cette « excuse » est fausse même à l’égard du prochain. Il n’est pas vrai que le péché d’impureté se limite à celui qui le commet.

Dans le Talmud juif on peut lire un apologue qui illustre bien la solidarité qui existe dans le péché et le tort que tout péché, même personnel, provoque aux autres : « Plusieurs personnes se trouvaient dans une barque. L’une d’entre elles prit une perceuse et commença à faire un trou sous son siège. Voyant cela, les autres passagers lui dirent : Qu’est-ce que tu fais ? Celle-ci répondit : en quoi cela vous regarde-t-il ? N’est-ce pas sous mon siège que je suis en train de faire un trou ? Mais les autres répliquèrent : oui, mais l’eau entrera et nous serons tous noyés ! ». N’est-ce pas ce qui est en train de se passer dans notre société ? L’Eglise elle-même sait le mal que l’on peut faire au corps tout entier avec les erreurs personnelles commises dans ce domaine.

L’un des événements spirituels les plus importants de ces derniers mois a été la publication des « écrits personnels » de Mère Teresa de Calcutta. Le titre choisi pour le livre qui recueille ces écrits est la parole que le Christ lui a adressée au moment où il l’a appelée pour sa nouvelle mission : « Come, be my light », viens, sois ma lumière dans le monde. C’est une parole que Jésus adresse à chacun de nous et qu’avec l’aide de la Très Sainte Vierge Marie et l’intercession de la Bienheureuse de Calcutta, nous voulons accueillir avec amour et chercher à mettre en pratique pendant cet Avent.



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