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 - 21 décembre 2024 - Saint Pierre Canisius
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Mission

Initiation à la Théologie de la Nouvelle Evangélisation (1)

L’évangélisation dans le monde contemporain... En 1975, un an après le synode sur l’évangélisation, Paul VI publiait cette exhortation apostolique " Evangelii Nuntiandi ".

Ce texte prophétique peut être considéré comme le plus grand texte pontifical du XXe siècle pour deux raisons : il cristallise d’une part la réflexion du Concile Vatican II sur la mission prioritaire, théologique et pastorale de l’Église et marque, d’autre part, une étape importante dans la préparation de l’Église entrant dans le 3e millénaire.

Le Père Mario Saint-Pierre de l’Institut Missionnaire de Toulon s’attache, par cette chronique, à nous en montrer toute l’actualité et l’enjeu d’un tel renouveau missionnaire ecclésial.

Jean-Paul II voit dans cette exhortation apostolique de Paul VI les bases de la nouvelle évangélisation (cf Tertio Millenio adveniente, 21) Nous comprenons l’importance de ce texte ecclésial malheureusement trop peu étudié et approfondi, parce que trop souvent considéré comme un texte purement technique dans sa facture et son style. Pourtant, le contenu d’Evangelii nuntiandi demeure profondément théologique et garde une étonnante actualité. Jean-Paul II va plus loin : il parle du thème fondamental de l’expérience ecclésiale depuis le Concile jusqu’à l’entrée dans le nouveau millénaire qui est celui de la " nouvelle évangélisation ".

Une évangélisation nouvelle : question de vie ou de mort

Beaucoup de personnes au cœur de l’Église posent la question du sens de cette expression " nouvelle évangélisation ". Plusieurs la banalisent voire même la rejettent. Pourtant, depuis bientôt près de 25 ans, Jean-Paul II ne cesse de l’utiliser. Plus le temps avance, plus le poids de l’âge se fait sentir, plus son cri prophétique se précise dans le sens d’une urgence et d’une priorité ecclésiale fondamentale.
Le vide théologique, pour ne pas parler de la stérilité de la réflexion théologique actuelle, dans lequel certains milieux intellectuels catholiques s’enlisent de plus en plus n’est pas sans lien avec ce rejet avoué ou même silencieux de " la nouvelle évangélisation ". L’Église qui ne vit pas de la nouvelle évangélisation s’atrophie dans la paralysie desséchante du rationalisme ou dans des pratiques pastorales vides et stériles.

A l’inverse, le renouveau évangélisateur stimule, vivifie, féconde, fructifie, non seulement l’expérience pastorale, mais aussi la vie spirituelle et la réflexion théologique. Les grands penseurs théologiens du XXe siècle (je pense par exemple à De Lubac, Congar, Balthasar, tous épris d’un zèle missionnaire au cœur même de leur vocation de théologiens) qui ont préparé, sans trop le savoir d’ailleurs, le grand événement du Concile Vatican II, seraient eux-mêmes complètement abasourdis de découvrir à quel point, aujourd’hui, nous nous fermons à l’appel prophétique de Jean-Paul II sur la nouvelle évangélisation.

Il faut donc sortir la tête du sable, ne pas avoir peur de regarder la réalité telle qu’elle se présente et s’ouvrir à l’urgence d’une réflexion théologique sur la nouvelle évangélisation. Cette chronique sur Evangelii nuntiandi n’a pas d’autre but que d’éveiller la conscience ecclésiale à cette nécessité vitale, puisqu’il s’agit pour l’Église, pour nous-mêmes et nos communautés chrétiennes, d’une question de vie ou de mort.

Diagnostic et remède

Quelle est la nouveauté de la nouvelle évangélisation ? Question gênante pour ceux qui savent pertinemment que toute l’Église, depuis qu’elle est Église, évangélise. Elle ne sait pas faire autre chose. Alors ! Si l’Église a toujours évangélisé, pourquoi insister sur la nouveauté de la " nouvelle évangélisation " ?

La réponse est très simple. Après de nombreux siècles de vie ecclésiale, on a réussi par des mécanismes inconnus, sournois et imprécis, des procédés ignorés, subtils et confus, à affadir le sel de l’Évangile, à placer la lumière sous le boisseau, à structurer un état d’apostasie au cœur de la pratique sacramentelle, à bénir chez des mal croyants, des non pratiquants, des pratiquants occasionnels ou ambigus une spiritualité du " chrétiennement correct ". Les pasteurs ressentent ce malaise, sans avoir toujours le courage de l’identifier et de le dénoncer. Un pessimisme dépressif gangrène la vie ecclésiale par son manque de détermination à s’engager résolument sur la voie de la nouvelle évangélisation. N’insistons pas sur ce noir tableau. Mais tournons-nous vers cette forte espérance que suscite l’engagement à l’égard de la nouvelle évangélisation.

Pour déstructurer au cœur de la vie ecclésiale ces structures cancérigènes, nous avons besoin d’une bonne dose d’Evangelii nuntiandi. Ce grand texte prophétique éclaire sur ce qui constitue le cœur, l’essence même de la vie de l’Église. Il nous offre les outils de réflexion pour mettre à l’oeuvre une espérance forte, un dynamisme inépuisable pour le renouveau de l’Église. Une " vision globale " (EN, 24) de l’évangélisation est présentée avec clarté. Et n’ayons pas peur du terme " vision " qui dit bien la perspective ample, biblique, dogmatique et spirituelle de cette nouvelle évangélisation. Une " vision " qui appelle l’Esprit Saint pour que, malgré nos pauvretés et nos limites, l’Église devienne réellement ce qu’elle doit être, " le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain " (LG, 1).

Evangelii nuntiandi nous présente les " bases " (TMA, 21) de la nouvelle évangélisation, la vision qui permet la réalisation du projet conciliaire.



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