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Le message de Jésus Christ
» Comment Jésus a-t-il accompli les Ecritures ?
Questions EssentiellesComment Jésus a-t-il accompli les Ecritures ?C’est devenu un lieu commun : il y a deux Testaments, l’ancien et le nouveau. L’Ancien est-il donc dépassé ? C’est ce que pensent secrètement de nombreux chrétiens qui ne l’ouvrent que très rarement. Mais le Nouveau apporte-t-il vraiment du neuf ? Finalement, son sommet qui est le commandement de l’amour se trouvait déjà dans la Loi (Lv 19, 18). Et les premiers chrétiens d’origine juive ne voulaient pas abandonner la Loi de Moïse : il a fallu toute la fougue de Saint Paul pour leur faire voir l’inutilité, après le Christ, de la circoncision (cf. Gal 5). Ces deux extrêmes montrent que la pédagogie de Dieu nous est parfois difficile : il a patiemment préparé l’humanité à la venue de son Fils (Ancien Testament), puis il a tout achevé et renouvelé en Jésus (Nouveau Testament). Mais comment comprendre l’unité de toute l’Ecriture ? C’est Jésus-Christ qui est le pivot de la Révélation : en étant prêtre, prophète et roi, il accomplit les Ecritures et instaure la Nouvelle Alliance. Jésus, le Roi promis à Israël (1 : Roi)Le Roi dans les prophéties Dans toute l’histoire de l’Ancien Testament, il y a un fil conducteur : la promesse faite par Dieu de donner aux hommes un Roi. Cette promesse s’explique petit à petit, en commençant par la vague espérance donnée à Eve (de son lignage viendra le vainqueur contre le serpent : Gn 3, 14). Ensuite Dieu fait une promesse à Abraham : non seulement de lui donner une descendance (« ta postérité sera plus nombreuse que les étoiles du Ciel... » : Gn 15, 5), mais aussi, pour le récompenser de son obéissance héroïque (il allait sacrifier Isaac), de faire triompher cette descendance (« ta postérité conquerra la porte de ses ennemis », Gn 22, 17). Qu’attendre de ce Roi ? Fondamentalement, qu’il soit Guide et Juge. Guide de son peuple, pour le mener à la Terre promise malgrè les nombreux ennemis. Et Juge pour établir en Israël la Loi voulue par Dieu. Ainsi Moïse libère les israélites d’Egypte et les mène à Canaan ; ce faisant, il donne - de la part de Dieu - une législation basée sur les dix commandements. C’est surtout avec David que la promesse divine se fait très explicite : Quand tes jours seront accomplis, et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de tes entrailles, et j’affermirai sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon Nom et j’affermirai pour toujours son trône royal. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils (...) Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant toi ; ton trône sera affermi à jamais (2 Sam 7, 12-16). Cette espérance soutenait Israël dans les vicissitudes de l’histoire. En effet, l’histoire réelle s’opposait de plus en plus à la prophétie : Israël allait de défaite en défaite, après la division du pays (entre le royaume d’Israël, au Nord, et de Juda, au Sud). Le joug des puissances étrangères, impies et méprisantes envers Dieu, devenait de plus en plus pesant. Le roi lui-même trahissait la confiance en Dieu (comme Achaz, qui accepte de devenir vassal des Assyriens : voir 2 Rois 16). C’est pourquoi la promesse s’est transformée, elle est devenue attente messianique : un nouveau Roi qui pourrait accomplir 2 Sam 7 en un sens nouveau. Jésus, le Roi-Messie tant attendu Matthieu commence son Evangile par ces mots : Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham (Mt 1,1). En nous présentant Jésus comme le Fils de David, il veut nous montrer qu’il est l’héritier des promesses faites aux Pères, qu’Il est le Roi messianique tant attendu. Il inaugure le Règne des Cieux : "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile." (Mc 1,15). Cependant, tout en accomplissant la promesse, Jésus la transforme, puisqu’il n’accepte pas le rôle politique que le peuple voudrait lui donner. Après la multiplication des pains, Jésus, se rendant compte qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, s’enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul (Jn 6,15). Ce n’est plus un règne politique de libération contre l’occupant, mais un Règne spirituel de libération contre le péché. Et c’est un Règne paradoxal, comme le montrent les paraboles du grain de moutarde, de la levure dans la farine, de la graine qui pousse toute seule. C’est même un Règne projeté vers le futur : Que ton Règne vienne ! Regardons Jésus entrer à Jérusalem pour la fête des Rameaux : assis sur l’ânon comme les anciens rois d’Israël, le peuple l’acclame comme le Fils de David. Il accomplit ainsi parfaitement la prophétie de Zacharie : Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. (Zc 9, 9-10). C’est cependant la Passion qui montre la grandeur - et le paradoxe - de ce Règne : à Pilate qui lui demande s’il est roi, Jésus répond clairement : "Tu le dis : je suis roi. Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix." (Jn 18,37). Et finalement son trône parmi les hommes, c’est la Croix ; sa couronne royale, une couronne d’épines ; sa gloire, une extrême humiliation. Jusqu’à la croix, il s’efforça de réunir autour de lui ce peuple qui tuait les prophètes et qui était toujours en révolte contre Dieu. Mais, avant de répandre son sang jusqu’à la dernière goutte, que d’injures, que d’outrages, que d’insultes supportées avec patience ! Il reçut des crachats sur son visage auguste, lui dont la salive guérissait les aveugles ; il fut déchiré à coups de verges, lui dont les disciples, d’une seule parole, flagellent et chassent les démons ; il fut couronné d’épines, lui qui tresse aux martyrs une couronne éternelle ; il subit l’ignominie des soufflets, lui qui donne aux vainqueurs les honneurs du triomphe ; il fut dépouillé de ses vêtements, lui qui nous revêt d’immortalité ; il fut nourri de fiel, lui qui donne la nourriture céleste ; il fut abreuvé de vinaigre, lui qui nous présente la coupe du salut. Lui, l’innocent, le juste, que dis-je, l’innocence et la justice mêmes, est confondu avec les scélérats ; la vérité est étouffée sous des témoignages menteurs ; le juge suprême est traduit en jugement, et le Verbe divin marche au supplice en gardant le silence. (Avantages de la patience, n. 15) La Royauté du Christ Dans l’Ancien Testament, le Roi était Guide et Juge : comment Jésus l’est-il ? Tout d’abord, il se présente comme le bon Pasteur, celui qui conduit les brebis au bercail. C’est-à-dire qu’il est venu pour chercher l’humanité perdue, qu’il charge tout homme sur ses épaules pour le mener à la Vie : la communion éternelle avec Dieu. Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent ; je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main (Jn 11,27). D’autre part, il est le véritable Juge de l’humanité, celui qui à la fin des temps jugera tous les hommes : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde » (Mt 25,31-35). Mais cette royauté n’est pas seulement pour la fin des temps : elle est présente dès maintenant. L’Eglise est le commencement du Règne du Christ. C’est ainsi que Jésus confie à ses disciples ses deux prérogatives royales : « Vous êtes, vous, ceux qui êtes demeurés constamment avec moi dans mes épreuves ; et moi je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi : vous mangerez et boirez à ma table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Lc 22,28-30) « Eh bien ! Moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » (Mt 16,18-19). Enfin, et surtout, Jésus-Christ est le vrai Roi de l’humanité parce qu’il est Dieu : par la Résurrection, Dieu lui a donné tout pouvoir sur le monde et sur les hommes. Désormais, la Croix et la Gloire sont associées dans un mystère qui dépasse notre entendement. Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Jésus est donc le Roi annoncé par les prophètes. Mais il instaure un Règne paradoxal pour l’esprit du monde. Lors de la fête du Christ-Roi, l’Eglise nous propose de contempler dans l’Evangile cette figure si scandaleuse du Fils de Dieu cloué sur une croix, qui exerce sa puissance par l’extrême faiblesse. C’est d’ailleurs la même situation que vit l’Eglise : elle qui est le Corps mystique du Christ, commencement de son Règne sur cette terre, elle est cependant en proie à la persécution et refuse toute empire temporel. Elle chemine comme signe de contradiction à travers les siècles, désirant ardemment cette union définitive avec son Seigneur qui n’adviendra qu’à la fin des temps... En synthèse : (Lumen Gentium, 3) |