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 - 28 avril 2024 - St Louis-Marie Grignon de Montfort
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Le card. Maradiaga révèle l’action de l’Eglise pour obtenir l’annulation de la dette des pays pauvres

Le cardinal Oscar Andrés Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucipalda (Honduras), a révélé l’action de lobbying tenue ces derniers mois avec certains évêques et cardinaux pour obtenir du G8 l’annulation de la dette des pays les plus pauvres. Ses propos ont été recueillis à Rome par le quotidien de la Conférence épiscopale italienne, "Avvenire", en date du 24 juin 2005.

Dans son entretien, le cardinal salésien s’est réjoui de la décision annoncée le 11 juin 2005 par les ministres des finances du G8 d’annuler la dette de 18 pays les plus pauvres de la planète, pour un montant de 40 milliards de dollars. Pour lui, cette décision est "un acte de justice" car ces dettes qui avaient été contractées à un taux de 6% dans les années 70, étaient soumises depuis la crise des années 80 à un taux de 20%, devenant ainsi un poids "insupportable pour les fragiles économies" des pays concernés.

Le cardinal hondurien, qui a figuré comme possible papable, et même comme l’un des favoris, a ainsi expliqué l’implication de l’Eglise catholique dans un lobbying auprès des gouvernements des pays riches, pour obtenir ce résultat. Jean Paul II, notamment en 1994, avait demandé aux chrétiens une réduction "consistante", voire totale de la dette internationale "pesant sur le destin de nombreuses nations". Recevant un an plus tard le cardinal Maradiaga, alors président du Celam (Conseil épiscopal latino-américain), Jean Paul II lui avait recommandé un engagement particulier dans ce domaine. Ce que le cardinal a donc fait de façon active ces derniers temps, en agissant en coordination avec le Conseil pontifical Justice et Paix.

Ainsi, le ministre de l’économie britannique, Gordon Brown, a été reçu par le Conseil Justice et paix en juillet 2004 et a présenté son projet pour l’annulation de la dette en relançant aussi l’idée de consacrer 0,7% du PIB des pays les plus riches au développement des pays les plus pauvres, a ainsi relaté le cardinal Maradiaga dans l’article de l’"Avvenire". Suite à quoi, au début de l’année 2005, la CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité) - qui regroupe certaines des principales agences catholiques d’aide au développement du tiers monde - a convoqué un groupe d’évêques et de cardinaux à Bruxelles. Parmi eux, figuraient le cardinal indien Telesphore Toppo et les archevêques africains Souraphiel d’Addis Abeba en Ethiopie, Onaiyekan d’Abuja, au Nigeria, et Mazombwe de Lusaka, en Zambie.

Vaste consultation en coulisses

"Ils nous ont demandé une action, pour ainsi dire, de lobbying auprès des gouvernements en vue du sommet du G8" du 6 au 8 juillet 2005 à Gleneagles, en Ecosse, "qui devra ratifier l’engagement d’annulation de la dette", a aussi confié le cardinal. Ainsi à Berlin, ces évêques et cardinaux ont rencontré le chancelier Gherard Schröder et la responsable du parti démocratie chrétien (CDU), Angela Merkel, tous deux "leur donnant leur appui".

A Londres, le groupe d’ecclésiastiques a rencontré la femme du Premier ministre, Cherie Blair (celui-ci étant absent), de confession catholique, ainsi que le ministre Gordon Brown. Ils se sont également rendus au parlement. Selon le cardinal, l’issue de ce séjour a été "positive". S’il n’a pas pu se rendre à Paris, il a en revanche rencontré à Bruxelles le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui leur "a promis son soutien".

Le cardinal Maradiaga a encore souligné que l’archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick, avait parallèlement fait "un travail de lobby auprès de l’administration Bush". "Je crois qu’il l’a fait avec succès étant donné que la décision d’annulation de la dette a été prise juste après la rencontre de tous les ministres des finances en vue du sommet des leaders du G8 prévu pour les premiers jours de juillet en Ecosse".

Reste à convaincre Bush, le Canada et le Japon

"Maintenant, il va falloir convaincre le président américain, comme le Canada et le Japon, de consacrer 0,7% de leur PIB pour le développement", a toutefois ajouté le haut dignitaire sud-Américain. Les pays développés s’étaient engagés il y a 35 ans à fournir 0,7 % de leur PIB pour aider au développement des pays en voie de développement, objectif qu’ils ont réitéré en 2002 à l’occasion d’une réunion de l’Onu à Monterrey."Et vérifier que la promesse de l’Union européenne de le faire avant 2015 soit maintenue. Nous verrons", a ajouté le cardinal.

Interrogé sur le caractère "étrange" d’un travail de lobby politique exercé par des hommes d’Eglise, le cardinal Maradiaga a répondu que cela ne l’était "absolument pas". "L’Eglise catholique est une autorité morale dans le monde dont parfois, mêmes nous les ecclésiastiques, ne sommes pas pleinement conscients", a-t-il expliqué. Pour lui, "il est bon d’utiliser cette autorité politique pour des causes justes, comme celle de l’annulation de la dette". "Et puis ce sont les politiques eux-mêmes qui ont sollicité notre intervention", a-t-il insisté, donnant en exemple la venue de Gordon Brown l’an dernier à Rome.

L’intérêt de Benoît XVI pour cette action

Enfin interrogé sur l’impact potentiel de cet allègement de la dette pour les pays pauvres, l’archevêque de Tegucigalpa a expliqué que si ce résultat n’est pas à "mépriser", il ne résoudra pas à lui seul le problème des 18 pays. Il a aussi souligné que son effet dépendrait de la façon dont l’argent épargné serait utilisé, soit pour aider les pauvres ou pour nourrir la corruption.

Le cardinal Maradiaga de passage à Rome fin juin 2005 a été longuement reçu en audience par Benoît XVI. Celui-ci a, selon le cardinal, manifesté "un grand intérêt" pour l’action de l’Eglise et notamment du Conseil Justice et Paix pour soulager les conditions des pays les plus pauvres.

Dans un communiqué publié le 14 juin 2005, le Conseil pontifical Justice et Paix avait salué l’annulation immédiate de la dette multilatérale de 18 pays pauvres, pour un montant de 40 milliards de dollars, annoncée à Londres le 11 juin 2005 par les ministres des Finances du G8. Il avait aussi émis le souhait que cet argent serve réellement au développement et réclame l’augmentation de l’aide aux pays les plus pauvres. Le G8 regroupe les huit pays les plus riches du monde, soit l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon et la Russie.

Source : APIC



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