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 - 28 avril 2024 - St Louis-Marie Grignon de Montfort
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Le management chrétien selon Ernest-Antoine Seillière

Dans l’obscurité bleutée de la salle, Ernest-Antoine Seillière. Sur l’estrade, dans la lumière et au micro, le frère Samuel Rouvillois. Nous assistons à un forum du Medef sur l’emploi des jeunes. Le grand patron écoute le moine. Frère de saint Jean depuis vingt-cinq ans, Samuel Rouvillois parcourt congrès et séminaires d’entreprise pour tenter d’encourager le dialogue dans le monde du travail. Aujourd’hui, il nous explique ce qu’est le management chrétien.

« Le monde religieux n’est pas étranger au monde de l’entreprise. Le monastère est un lieu de rationalisation, d’organisation et de gestion exemplaire. On le sait, ceux qui ont inventé l’entreprise sont les cisterciens. Pourtant j’ai été frappé de voir mes frères, des prêtres, des évêques, avoir une vision de l’entreprise parfois très caricaturale, bénissant le libéralisme économique comme s’il était évangélique, ou condamnant le libéralisme économique comme s’il était diabolique. C’est pourquoi la question du management chrétien est importante. Je pense qu’il y a certains éléments du management qui peuvent être chrétiens. J’en vois un essentiel, que souligne la doctrine de l’Eglise, c’est ce qu’elle appelle "l’option préférentielle pour les pauvres". La dimension chrétienne du management, c’est prendre le risque de la fragilité des personnes et de la confiance qu’on leur fait. La vie de patron peut paraître contradictoire avec une vie de chrétien. Evidemment, si je dis que le chrétien, il est là, à vivre d’amour, d’eau fraîche, de la parole de Dieu et embrassant tout le monde en disant que Jésus les aime, c’est très gentil ! Mais le chrétien c’est aussi celui qui se bat avec le monde dans lequel on est. La vie fraternelle, c’est comme la vie d’entreprise, c’est la rencontre avec l’autre. C’est être capable de quitter les images toutes faites et les postures d’autorité. Etre capable, même si on respecte un certain ordre, d’avoir une rencontre plus profondément humaine qu’elle n’est hiérarchique. Etre capable de repérer les situations d’injustice, de tenir compte des personnes fragiles, d’organiser les équipes pour que les éléments forts n’écrasent pas les éléments fragiles. Et puis découvrir que celui qui a l’autorité est bien plus fragile que celui sur qui il l’exerce. Je pense que l’Occident sacralise à l’excès la responsabilité et, du coup, cela génère de l’irresponsabilité. Je pense donc qu’il faut prendre la vraie mesure de la responsabilité. Il faut arrêter de se prendre pour Dieu. »

Sorj CHALANDON

Source : Libération/KTO



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