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 - 28 avril 2024 - St Louis-Marie Grignon de Montfort
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Persécution ou liberté religieuse ? Quel avenir pour les chrétiens en Chine ?

ROME (ZENIT.org) - Trois semaines d’immersion totale en Chine, en contact direct avec les multiples visages de cet immense pays. C’est l’expérience qu’a vécue l’été dernier Gerolamo Fazzini, co-directeur de la revue italienne « Mondo e Missione », mensuel du PIME (Institut Pontifical des Missions Etrangères).

Dans cet entretien accordé à Zenit, il souligne quelques points importants de la situation de l’Eglise en Chine.

Zenit : Comment voyez-vous la situation des chrétiens en Chine ? Qu’est-ce qui prédomine selon vous, l’optimisme ou le découragement ?

G. Fazzini : Ce n’est pas facile de donner un jugement global. Les lectures oscillent entre l’optimisme de qui - comme David Aikman, auteur d’un livre qui a fait parler de lui, « Jesus in Bejing » - prophétise un avenir radieux pour le christianisme en Chine (surtout pour les Protestants) et le pessimisme de qui voit un avenir incertain, même plus sombre que le présent, en raison du fait que le régime ne semble pas disposé à faire des pas en avant dans le domaine des droits religieux.

En visitant la Chine j’ai eu l’impression que l’espérance et la désillusion cohabitent, de même que le « bon grain » de la vitalité de l’Eglise et l’« ivraie » du contrôle politique, perceptible de manière différente selon le moment et le lieu (mais il n’a pas renoncé à la prétention de « gouverner » le fait religieux) et les tensions internes dans les communautés chrétiennes, qui ne manquent pas non plus.

Zenit : Deux faits contradictoires ont eu lieu ces dernières semaines : d’abord le refus du gouvernement de laisser participer les quatre évêques chinois, invités par le pape Benoît XVI, au synode, puis l’annonce, faite par la supérieure des Missionnaires de la Charité, de la décision du gouvernement d’inviter les soeurs de Mère Teresa à entrer en Chine, un rêve bercé pendant longtemps par la fondatrice. Comment faut-il lire ces deux faits aussi opposés ?

G. Fazzini : Il faudrait être dans la salle des commandes pour comprendre la dynamique interne du pouvoir. Je me limite à faire remarquer que des signes aussi contradictoires et énigmatiques confirment le fait que quelque chose bouge, même s’il est difficile de s’aventurer à faire des prévisions. Personnellement je suis confiant, étant donné que celui qui guide l’histoire est l’Imprévisible en personne.

Zenit : Et les catholiques chinois ? On parle souvent de « deux Eglises ». Quels sont les relations entre elles ?

G. Fazzini : La situation de l’Eglise catholique, on le sait, est très particulière en Chine. Il existe deux communautés (non pas deux Eglises ; l’Eglise est la même, celle du Christ) : d’une part la communauté officielle, qui se réfère à l’Association patriotique des catholiques chinois (Apcc), d’autre part celle que l’on appelle de manière impropre la communauté « clandestine », qui ne reconnaît pas l’autorité de l’Apcc. La nouveauté de ces derniers temps est qu’il y a de part et d’autres des personnes qui oeuvrent pour la réconciliation, pour surmonter l’impasse. Non pas en faisant une croix sur le passé ou en oubliant tous les martyrs d’hier et d’aujourd’hui, mais en même temps en essayant de sortir d’une situation qui risque de se figer.

S’il est vrai que la communauté clandestine est celle qui est le plus touchée par la persécution explicite, il ne faut pas se dire que pour la communauté officielle la situation est rose non plus. Ses activités sont également soumises à des restrictions, comme toute autre présence religieuse en Chine. En réalité il y a des éléments communs aux fidèles des deux communautés, même s’ils n’en sont pas affectés de la même manière : la pénurie de moyens, le manque de personnel, la difficulté à tenir le rythme des changements énormes que la Chine est en train de vivre. Au-delà de cela, j’ai perçu, dans les deux communautés, un grand désir de réconciliation et d’unité, en dépit des difficultés internes qui affectent certains diocèses. Mais ce fut pour moi une agréable surprise de voir des membres de la communauté officielle manifester une grande affection pour le pape et un grand amour pour l’Eglise universelle.

Zenit : Lors de votre voyage en Chine, qu’est-ce qui vous a le plus frappé dans la vie concrète de l’Eglise ?

G. Fazzini : La situation des religieuses. D’abord parce qu’on ne parle presque jamais d’elles alors qu’elles sont une présence certes discrète et humble, mais vivante. J’en ai rencontré à Xi’an, à Shanghai, à Pékin, et quelques unes d’une région de l’Hebei qui est un peu la forteresse de la communauté « souterraine ». Elles ne mettent l’habit que pour les fonctions religieuses solennelles. En général elles portent des vêtements communs, simples : on pourrait les prendre pour des femmes du lieu. Les religieuses en Chine ne peuvent appartenir à aucun ordre ou congrégation internationale : elles sont toutes rattachées à une institution diocésaine et dépendent de l’évêque du lieu. Un grand nombre d’entre elles sont jeunes, possèdent une grande foi mais bénéficient souvent d’une formation inadéquate, d’un soutien spirituel à courant alternatif.



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