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 - 28 avril 2024 - St Louis-Marie Grignon de Montfort
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Les hallebardiers de Dieu

Le 22 janvier 2006, la Garde suisse, chargée de la sécurité du Saint-Père, célébrera ses 500 ans. Visite dans les quartiers des soldats du pape.

Rome s’endort. Les dernières lumières qui brillaient encore aux fenêtres du Vatican viennent de s’éteindre et les longues galeries désertes du palais apostolique résonnent désormais des seuls pas lents des gardes suisses. Dehors, plus un bruit, sinon le murmure lointain des voitures qui longent les hautes murailles du plus petit Etat du monde.

Depuis bientôt cinq siècles, les hommes de la Garde suisse pontificale assurent jour et nuit la défense du Saint-Siège et la sécurité du pape. Au prix de leur propre vie, comme l’exige leur serment. Ils s’y sont engagés. Trois doigts levés, pour symboliser la sainte Trinité, la main gauche empoignant fermement leur drapeau, tous ont juré fidélité un 6 mai dans la cour Saint-Damase, en souvenir du sac de Rome par les troupes de l’empereur Charles Quint, le 6 mai 1527. Pour protéger le pape Clément VI, 147 Suisses y avaient trouvé la mort.

La création de la Garde remonte au 21 juin 1505, date d’un document signé par le pape Jules II, demandant à 200 mercenaires suisses de servir sous le drapeau des Etats pontificaux. Mais le corps, qui fêtera ses 500 ans le 22 janvier prochain, a été officiellement constitué en janvier 1506 après le recrutement de 150 soldats helvétiques, considérés comme les meilleurs de l’époque, pour le seul service de la papauté.

Aujourd’hui, 110 hommes perpétuent cette tradition au Vatican. Ils sont les derniers soldats personnels du pape. Toutes les autres unités, telles la Garde noble ou la Garde palatine d’honneur, ayant été dissoutes par Paul VI.

On dit que c’est Michel-Ange qui dessina leur tenue. Mais c’est au commandant Jules Répond, officier de la Garde entre 1910 et 1921 et fasciné par la Renaissance italienne, que l’on doit leur uniforme actuel, aux couleurs des Médicis.

Pour rejoindre leurs rangs, les conditions sont draconiennes : il faut être citoyen suisse, célibataire, avoir entre 19 et 30 ans, mesurer au moins 1,74 mètre, être catholique romain, avoir une réputation « irréprochable », et avoir fait son service militaire. Jusqu’à ce jour, la Garde a toujours exclu la possibilité de recruter des femmes.

Les hallebardiers sont engagés par contrat pour une durée minimale de deux ans. Ils deviennent ainsi citoyens du Vatican, titre qui leur est retiré lorsqu’ils démissionnent. Ils touchent un salaire mensuel de 1 200 euros net, mais ne payent ni loyer ni impôts. Il leur est interdit de dormir hors du Vatican, où ils sont logés dans des dortoirs.

Lorsqu’ils sont en service d’honneur, les gardes portent des pourpoints jaunes à bandes rouges et bleues, des hauts-de-chausses assortis, un morion (casque léger aux bords relevés) aux armes de la famille della Rovere, une imposante cuirasse, la hallebarde ou l’épée. En revanche, l’uniforme usuel est entièrement bleu. « Mais nous sommes avant tout des soldats, rappelle François Perroset, 23 ans, un garde originaire de Neuchâtel. Il ne faut pas se fier aux apparences. Au maniement de l’antique hallebarde s’ajoute aussi le pistolet automatique et le FAS-90, le fusil d’assaut de l’armée suisse et la pratique de sports de combat. »

Les sous-officiers supérieurs et les officiers suivent une formation aux techniques de protection rapprochée auprès des spécialistes suisses de la sécurité et des experts du ministère italien de l’Intérieur et accompagnent, en civil et armés, chacun des déplacements du pape. Derrière l’apparat, l’efficacité.

Toutefois, la Garde n’assure pas seule l’ensemble de la sûreté du Vatican et du souverain pontife. Elle doit cohabiter avec le corps des gendarmes, composé de 130 hommes des services spéciaux de l’Etat italien, chargés également de la sécurité du pape. Or, selon la presse italienne, la rivalité entre les deux corps génère « un manque de coordination » et « pourrait nuire à la sécurité même du pape, notamment face à la nouvelle menace du terrorisme islamiste ».

Des affirmations démenties par l’actuel commandant des gardes suisses, le colonel Elmar Theodor Mäder, qui revendique un rôle « primordial » pour ses hommes dans la sécurité rapprochée de Benoît XVI et une présence accrue des Gardes suisses au côté du pape lors de ses déplacements. Il souhaite par ailleurs que ses troupes suivent « une formation spéciale antiterroriste » identique à celle des gendarmes du Vatican.

Aujourd’hui peu d’hommes - un sur cinq - renouvellent leur contrat et le corps a souffert d’un manque d’intérêt croissant de la part des jeunes Suisses. De fait, leur quotidien n’est pas aussi chatoyant que leur uniforme. La surveillance pure et simple des accès au Vatican constitue environ 80% de leur activité, tandis que la semaine est ponctuée par des inspections, des marches, des exercices de tir... Peu de loisirs.

« Le service est difficile pour ces jeunes gens, explique le cardinal Georges-Marie Cottier, théologien de la maison pontificale et suisse d’origine. Il faut le comprendre : la défense du pape est très exigeante et leur responsabilité est immense. D’autant plus que beaucoup effectuent aussi un service spirituel. Pour eux, c’est aussi un engagement religieux. Ces hommes sont vraiment les soldats du Saint-Père, dans tous les sens du terme. »

Source : Le Figaro



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