Chirac : les chrétiens "ont plus que jamais leur place" au Moyen-Orient

Jacques Chirac a défendu lundi "la liberté de conscience et de religion" pour les chrétiens d’Orient qui ont, selon lui, "plus que jamais leur place au Moyen-Orient", alors que leur nombre ne cesse de décroître et qu’ils sont victimes de violences comme en Irak ou en Egypte.

"Les chrétiens d’Orient ont toujours été un pont vers l’Europe et ont contribué, bien avant que ce ne soit un enjeu majeur des relations internationales, au dialogue des cultures. A ce titre, ils ont plus que jamais leur place au Moyen-Orient", a-t-il dit.

Le chef de l’Etat s’exprimait devant six patriarches catholiques orientaux venus à Paris pour le 150e anniversaire de l’Oeuvre d’Orient, une association catholique de soutien aux chrétiens orientaux, au nombre d’environ 13 millions, selon l’association.

Ceux-ci étaient reçus pour la première fois ensemble à l’Elysée. Il s’agissait du patriarche d’Antioche des Maronites, le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, du patriarche latin de Jérusalem Michel Sabbah, du patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques Nerses Bedros XIX Tarmouni, du patriarche d’Antioche des Syriens catholiques Ignace-Pierre VIII Abdel-Ahad, du patriarche d’Alexandrie des Coptes Antonios Naguib et du patriarche de l’Eglise grecque-catholique melkite d’Antioche Grégoire III Laham.

Le cardinal Ignace Moussa Daoud, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, l’archevêque de Paris André Vingt-Trois, et l’amiral Bernard Louzeau, président de l’Oeuvre d’Orient étaient également présents.

Gregoire III a qualifié d’"historique" cette rencontre et a estimé qu’elle "porterait des fruits pour des relations meilleures entre les chrétiens et les musulmans, et pour l’avenir du Moyen-Orient".

M. Chirac a affirmé que "le règlement des conflits constitue la meilleure garantie de la liberté de conscience et de religion qui doit être défendue et réaffirmée, car la diversité des cultures et leur coexistence sont la condition d’un avenir de paix et de prospérité".

Les patriarches ont exposé au président de la République la situation des chrétiens, notamment en Irak, en Egypte, au Liban et dans les territoires palestiniens.

L’Oeuvre d’Orient a récemment déclaré son "inquiétude" à propos de la situation des Coptes égyptiens, après de nouvelles violences anti-coptes.

L’association a été fondée en 1856 par des intellectuels laïcs après la guerre de Crimée et la signature du Traité de Paris qui redonnait à la France ses droits de protectrice des chrétiens de l’Empire ottoman. Elle distribue près de 5 millions d’euros tous les ans, surtout pour l’éducation et la santé.

Rappelant "l’ancienneté et l’étroitesse des liens qui unissent la France" aux communautés chrétiennes d’Orient, M. Chirac a souligné que, "en ces temps troublés où la situation au Moyen-Orient est plus que jamais préoccupante, il me paraît important de réaffirmer ces liens avec force".

Depuis la fin de l’Empire ottoman, la proportion de chrétiens en Orient a chuté. Selon les chiffres de l’Oeuvre, il y a aujourd’hui 60.000 chrétiens en Iran, 600.000 en Irak, 50.000 en Turquie, plus de sept millions en Egypte. En Ethiopie, ils représentent plus de la moitié de la population, au Liban 40%, en Syrie 10%, en Palestine et Israël 2%.

Source : Afp